« Fasciste », « facho », « nazillon ». Ces invectives souvent lancées à tort et à travers, nous font peut-être perdre toute notion de la réalité. À force, depuis que l’on est tout jeune, parfois, nous pouvons être amenés à prononcer des mots dont la force s’étiole et dont le sens finit par se perdre. C’est l’histoire de celui qui crie au loup. Jusqu’au jour où les loups apparaissent aux portes de la cité. Alors, on ne sait plus ce qu’il faut penser. Les militaires, les généraux, qui ont publié des tribunes dans la presse, parlant de guerre civile, sont des gens dangereux. Factieux ou non - et leur attitude l’est -, appartenant ou non à des mouvements ou partis d’extrême droite - et c’est souvent le cas -, ils ont réussi à s’attirer de nombreux commentaires favorables de la part de la population. Voilà qui fait plaisir à Marine Le Pen et à ses amis. Il serait fou de négliger ce fait. D’autant que ces tribunes n’arrivent pas n’importe quand. Le climat s’alourdit de plus en plus. Comment peut-on traiter un syndicat étudiant de fasciste alors que, précisément, la tentation fasciste repointe le bout du nez ? Comment en est-on arrivé à voir des militants syndicaux se faire insulter lors d’une manifestation, le 1er mai ? Comment peut-on abaisser le débat au niveau zéro de la réflexion autour d’un concept : l’islamo-gauchisme ? Il n’est pas anodin aujourd’hui, qu’un « intellectuel » comme Raphaël Enthoven, qui dispose de confortables tribunes à la télévision, à la radio, dans la presse, se permette de faire référence au « plutôt Hitler que Staline » en déclarant qu’il préfèrerait voter pour Marine Le Pen si l’alternative était Mélenchon et en se disant « plutôt Trump que Chavez » . Les syndicats de policiers qui se permettent d’exiger un droit de regard sur la justice, les lois répressives qui tentent d’interdire de filmer les violences policières, l’attitude d’un gouvernement qui, derrière la pandémie, participe au recul démocratique, les interdictions de manifester, la montée des actes racistes et du racisme tout court sont autant d’éléments qui conduisent à un cocktail insupportable. Comme pour mieux conditionner le peuple, les électeurs et les électrices, on nous impose depuis beaucoup trop longtemps la menace d’une élection remportée par l’extrême droite. En brandissant cette hypothèse, on empêche le réel débat d’idées, le vrai débat politique. Il est temps de réagir et de montrer que les valeurs de notre République et notre goût pour la liberté, l’égalité et la fraternité sont vivaces. C’est pour cela que les manifestations de ce 12 juin, pour les libertés et les idées d’extrême droite, sont essentielles. Ne manquons pas ce rendez-vous, empêchons les loups d’entrer dans la ville.
Empêchons les loups d’entrer dans la ville
Publié le 11 juin 2021 à 11:12