La nomination du maire de Grigny comme « meilleur maire du monde », par la City Mayors Foundation a ceci de très positif : elle souligne les mérites et la bonne gestion d’un élu communiste. Il y a bien longtemps, le président Georges Pompidou admettait que des élus de centre droit et de centre gauche pouvaient être de bons élus. « Les communistes aussi », lui avait-on soufflé. « C’est vrai », avait-il convenu. Cela peut sembler drôle et anecdotique. Pourtant, la manière dont les médias se sont emparé de l’image et de la parole de Philippe Rio, le respect qui lui a été témoigné ces derniers jours, tombent à point au moment où l’on semble se souvenir que le communisme municipal n’est ni un vestige du passé, ni une lointaine utopie. Cela veut dire aussi que le communisme n’a aucune raison d’être relégué dans l’ombre. Le discours de Fabien Roussel, à la Fête de l’Humanité met en valeur la montagne d’espoir à laquelle nous pouvons croire. Mais précisément, tout cela ne relève pas que du discours. Pour en revenir aux interventions de Philippe Rio, dont on semble découvrir l’enracinement dans la réalité de sa ville (l’une des plus pauvres de France), il faut retenir la force avec laquelle il répète qu’il n’est pas naïf face au calendrier politique et électoral. La distinction que lui apporte la fondation londonienne ne saurait faire oublier le mépris dont font l’objet les maires des cités dites « sensibles » ou « prioritaires » et la manière dont les gouvernants de ce pays ont vite oublié les rapports sur les banlieues et les quartiers, sur les souffrances de leurs élus. Depuis des années, le maire de Grigny attend qu’on lui rende le commissariat de police que l’État lui a repris. Il ne milite pas pour un pouvoir sécuritaire, il réclame les moyens d’offrir de la sécurité à ses administrés, aux habitants de sa ville. Mais la sécurité ne se décrète pas et ne repose pas que sur la multiplication d’uniformes bleus. La sécurité, c’est aussi, comme l’a fait Philippe Rio, s’assurer que tous les enfants de sa ville puissent manger à leur faim, dans les cantines scolaires. À Grigny, on ne fait pas raccompagner un gosse chez ses parents, entre deux policiers, parce que la facture des repas n’a pas été honorée. À Grigny, comme dans toutes les villes pauvres où l’humain demeure la priorité, on veille à ne pas lâcher celles et ceux qui cumulent les galères : le chômage, la misère, l’isolement, le sexisme, le racisme, l’exclusion, le mépris de classe. On n’impose pas, parce qu’on n’y joue pas, le jeu de la « méritocratie ». On a conscience de l’importance des services publics de proximité et des politiques publiques qui doivent être au service de toutes et tous. Les élus locaux comme Philippe Rio, et bien d’autres, ont bien compris les enjeux de cette société et la façon dont il faut la transformer. En cela, sa mise en lumière, comme celle de sa ville, ont de quoi nous emplir d’optimisme.
L’optimisme qui nous vient de Grigny
Publié le 17 septembre 2021 à 11:51