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L’utopie au pouvoir ?

par Philippe Allienne
Publié le 25 mai 2022 à 19:47

La présentation du programme de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) a de quoi secouer. Bien sûr, de nombreux commentateurs peuvent s’en donner à cœur joie en ironisant et en tentant de placer en porte-à-faux les représentants des partis la composant. Renoncements, reculs par rapport aux programmes pour la présidentielle, compromis ou compromissions, hégémonie des Insoumis, etc. Peu importe. Personne ne peut sérieusement remette en cause l’ampleur du travail. 650 propositions tout de même. Et huit chapitres qui ne laissent aucune problématique de côté. Si jamais la Nupes réussissait son pari en remportant les élections législatives, elle disposerait d’ores et déjà d’une formidable plateforme pour changer véritablement nos vies. Évidemment, tous les points ne font pas l’unanimité. Droit de veto suspensif des comités d’entreprise sur les plans de licenciement, suppression des stock-options, titularisation de tous les contractuels de la fonction publique, option 100 % d’énergies renouvelables, abandon des EPR, chasse et corrida, nationalisation de banques généralistes, CSG, intégration des complémentaires santé dans la Sécurité sociale, retrait de la France du commandement intégré de l’Otan, etc. On ne pouvait effectivement imaginer que verts, communistes, insoumis et socialistes soient en phase sur l’ensemble de ces sujets. Mais au lieu de rechercher une vaine synthèse, le programme de la Nupes propose de discuter de ces points (33 sur 650) et de les soumettre au débat parlementaire. Voilà qui change des sentiers tant de fois battus. Voilà aussi qui a de quoi faire peur à l’actuel locataire de l’Élysée et au gouvernement conduit par Élisabeth Borne. Sans doute est-ce pour cela que le macronisme s’avance autant sur des sujets sur lesquels il n’a rien fait jusqu’ici. La transition écologique par exemple. Voilà pourquoi, peut-être, fait-il appel à un ministre de l’Éducation et de la Jeunesse qui dénote furieusement avec son prédécesseur. Emmanuel Macron sait s’adapter à l’odeur du temps. On le sait. Sa méthode : la communication. La teneur du programme de la Nupes, par-delà les divergences des partis progressistes qui la construisent, fait réellement cas des préoccupations des Français. Et soudain, l’utopie d’une cohabitation fait un pas vers le possible, vers la réalité.