Étrange moment où l’on a l’impression de vivre dans les contours d’un jeu vidéo. Hors-sol. Après des mois de discours anxiogènes ponctués par les très officielles interventions télévisées du ministre de la Santé, du Premier ministre et... du président de la République, après des mois de restrictions, de mise entre parenthèses de la vie sociale et d’une perte de nos libertés individuelles, le pays semble se relâcher d’un coup. Nous savons que la menace du Covid, cette épreuve abominable qui tombe comme un épouvantable défi, n’est pas terminée. Nous pressentons qu’il va nous falloir apprendre à vivre avec d’autres codes, d’autres pratiques, et une éthique qui ne saurait se payer de mots. Pourtant, la réouverture des terrasses et des salles de spectacle laisse planer un faux air de liberté. Là est le piège. On voit mal un policier verbaliser un consommateur en train de finir sa bière en terrasse dès 21 h 01. En revanche, le bistrotier a de quoi s’inquiéter. Mais là n’est pas la question. Pendant que nous sirotons au soleil couchant, histoire de reprendre du temps au temps volé par le virus, les affaires reprennent. Mais pas juste en notre faveur. Le sale virus n’a pas tué les mauvaises intentions des ennemis de la classe ouvrière (classes populaires - note de la traduction du service « politiquement correct »). Alors que le nez immonde du coronavirus est toujours visible, le gouvernement se redresse fièrement dans ses bottes pour nous promettre la reprise de ses réformes libérales : les chômeurs vont regretter d’exister, les futurs retraités aussi. À la faveur des campagnes électorales, les codes de la politique reprennent leurs droits. « Les gens savent que dans la vie il faut se battre, alors avec mon équipe on continuera à se battre pour les Hauts-de-France et pour les gens des Hauts-de-France. » Promesse de Xavier Bertrand dont on ne sait plus si, durant son mandant à la Région, il a mal fait ou juste pas fait. La campagne pour les élections régionales est à cet égard déplorable. C’est plutôt vers les élections départementales qu’il faut se tourner pour entendre véritablement des paroles et des programmes de gauche. En attendant, la fin progressive du déconfinement (et non l’éradication du virus, note du même traducteur) précipite le retour des tourments pour celles et ceux qui ne possèdent rien d’autre que l’espoir en des jours meilleurs. L’effacement de la problématique « coronavirus » se traduit par le réveil brutal du libéralisme porté par Emmanuel Macron et son équipe. Hier, on assurait vouloir raser gratis, aujourd’hui on reprend les armes contre les plus démunis. La fin de la trêve locative menace 30 000 ménages d’expulsion de leur logement. La réforme du chômage est toujours prévue pour le début de l’été (en juillet), celle des retraites (portée par le candidat LREM aux élections régionales) suivra. Le macronisme trône confortablement. Sachons nous préparer à tirer la chasse.
La bête libérale est vivace
Publié le 4 juin 2021 à 14:51