Réagissant après l’agression de Jean-Baptiste Trogneux, le petit-neveu de Brigitte Macron, le président de la République a fermement déclaré : « La violence n’a pas place en démocratie, quelle qu’elle soit et en particulier dans la nôtre. »
Comme il a raison ! On se demande alors pourquoi lui et son équipe n’appliquent pas ce principe. Car en matière de violence, ils sont maîtres. Les exemples abondent tant que nous ne pouvons en dresser une liste exhaustive dans ces colonnes. Relevons juste quelques cas sur ces derniers jours.
Les représentants syndicaux qui ont été reçus par la Première ministre Élisabeth Borne l’ont tous ressenti. Derrière la cheffe du gouvernement planait l’ombre jupitérienne du président. Une ombre ? Non, une pression empêchant toute discussion, toute négociation, toute véritable écoute. Que ce soit sur le travail, que ce soit sur la proposition de loi que va déposer le groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (LIOT) et contre laquelle le gouvernement n’a de cesse de mener des mesures dilatoires. Sans surprise, la violence contre la démocratie sociale se poursuit.
Allons sur le terrain des luttes sociales. Mardi matin, 16 mai, les militants venus soutenir les grévistes de Vertbaudet, à Marquette-lez-Lille, et les journalistes ont tous été ébahis d’être tenus à l’écart pendant que la police évacuait le piquet de grève. La veille, deux syndicalistes CGT avaient été interpellés et placés en garde à vue. L’un d’eux a d’abord été violemment plaqué au sol. Durant l’opération policière, une syndicaliste a été immobilisée par une clé d’étranglemement et traînée la tête en arrière. Elle a été hospitalisée. Le lendemain, un délégué de Vertbaudet a été embarqué devant chez lui par des individus indiscriminés, avant d’être projeté sur sa voiture devant son enfant. La violence policière est au service du refus de dialogue social du patronat. L’État est au service de ce dernier.
Vendredi 12 mai. Le président se rend à Dunkerque pour illustrer sa politique de réindustrialisation de la France. La ville est bloquée pour protéger les oreilles présidentielles du son des casseroles. À quelques kilomètres, à Leffrinckoucke, et à Trith-Saint-Léger (dans l’agglo de Valenciennes), les salariés de Valdunes viennent d’apprendre le retrait de l’industriel chinois MA Steel. Que vont-ils devenir ? La violence économique contrarie les promesses de réindustrialisation.
Allons plus loin. À Mayotte où le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a promis des mesures spectaculaires contre les personnes sans papiers. Le 24 avril, il avait été agacé après la suspension de la démolition d’un bidonville. Qu’il se rassure, elle est annulée. L’opération dite Wuambushu peut reprendre dès ce 22 mai. Sur place, 170 membres de la communauté médicale alertent sur les risques sanitaires de ces évacuations sur l’ensemble de la population. D’autres, en revanche soutiennent Gérald Darmanin, oublient le serment d’Hippocrate et bloquent l’accès aux dispensaires pour les personnes évacuées. Violence d’État.