Accueil  >  Idées  >  L’édito

Le CNR ? Quel CNR ?

par Philippe Allienne
Publié le 9 septembre 2022 à 18:31

Alors que le Conseil national de la refondation était inauguré ce jeudi 8 septembre à Marcoussis, dans l’Essonne, nombreuses et nombreux sont celles et ceux qui s’interrogent sur cet OVNI et ce à quoi il va servir. D’autant qu’une structure existe déjà pour répondre aux besoins décrits par Emmanuel Macron : le Conseil économique social et environnemental. À entendre le président de la République, il s’agit de « bâtir des consensus sur la situation du pays  ». Il s’agit aussi de « concevoir des solutions concrètes aux préoccupations de nos concitoyens. » Certes. Ce serait alors une boîte à idées destinée à réfléchir et à travailler sur cinq thèmes : le plein emploi et l’industrialisation, l’école, la santé, le « bien vieillir » et la transition écologique. Le catalogue est long et comporte autant de points de friction que de titres. Quand on voit les conditions de la rentrée scolaire, quand on connaît les mille et une difficultés qui se posent dans le domaine de la santé (déserts médicaux, manque de moyens et de reconnaissance des personnels soignants, hôpital public en naufrage…), quand on sait le traitement réservé aux personnes âgées, le scandale des Ehpad, les difficultés pour accompagner les « seniors » et leur permettre de continuer à vivre chez eux, on peut raisonnablement se montrer dubitatif. Ne parlons pas de la transition écologique et des polémiques qu’elle crée. Ne parlons pas de l’emploi et de l’industrialisation quand on constate la réalité de l’industrie et alors que, concernant l’emploi précisément, le gouvernement s’apprête à durcir encore sa loi anti-chômeurs. Du reste, si la liste des thèmes que le gouvernement impose au « CNR » est longue, elle n’est pas exhaustive. Par exemple, elle oublie la lourde problématique du logement. Jusqu’ici, et depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Élysée, aucun de ces sujets n’a été abordé de manière à aller dans le sens d’un mieux-être des Françaises et des Français. Au contraire, les lois votées et celles qui le seront (ou passeront en force) ne font que s’attaquer aux classes populaires, aux plus défavorisés, aux plus faibles. Mais la plus belle des hypocrisies réside dans l’intitulé et, mieux encore, dans le sigle : CNR. Comment, en menant une telle politique contraire au bien être du peuple peut-on ainsi usurper ces trois lettres à ce qui avait permis d’établir les « Jours heureux » du Conseil National de la Résistance ? Il y aura du travail. Mais pour résister à cette drôle de refondation.