Avec la décision de Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale, d’empêcher l’examen de la mesure d’abrogation du report de l’âge de la retraite à 64 ans, un nouveau pas a été franchi. Alors que la majorité des Françaises et des Français, opposés à la réforme des retraites gardaient espoir dans la séance de ce jeudi 8 juin et l’étude de la proposition de loi du groupe Liot, c’est un nouveau coup de force qu’on leur inflige, à eux et à leurs représentants élus. Permettre ce vote, même s’il aurait été symbolique, aurait au moins permis d’atténuer le traumatisme causé par l’utilisation de l’article 49.3.
Le président du groupe Liot à l’Assemblée nationale, Bertrand Pancher, estime que Yaël Braun-Pivet “a cédé à toutes les pressions. Après la crise sociale que nous sommes en train de vivre sur les retraites, après la crise politique, nous vivons une crise institutionnelle”. Cette crise existe, de fait, depuis la bataille sur les retraites et la manière dont les députés ont été privés de débat et de vote. Mais pour le coup, et c’est ce que reproche Bertrand Pancher comme les députés de la Nupes, on aurait pu croire que la présidente de l’Assemblée nationale aurait respecté et défendu son institution. C’est bien elle qui, après tout, avait rédigé un plaidoyer pour un parlement renforcé. Comment peut-elle alors brandir l’article 40 pour déclarer irrecevable la proposition d’abrogation ? Par loyauté au président Macron, diront les uns. En cédant à l’Élysée, répondront les autres. Quoi qu’il en soit, ce nouveau coup de force écrase le principe de la séparation des pouvoirs entre exécutif et législatif. Il s’en prend violemment aux fondements de notre démocratie. Nous voilà bien loin de la volonté d’apaisement prétendument voulue par le gouvernement et pour laquelle la. Première ministre devait mettre à profit les 100 jours fixés par Emmanuel Macron.
Reste maintenant à savoir comment les syndicats vont réagir à la mise en œuvre de la réforme des retraites. Depuis le début de l’année, nous avons assisté à une mobilisation exceptionnelle derrière une intersyndicale qui n’a présenté aucune faille. Il est nécessaire que cette union perdure, quelle qu’en soit la forme.
Le maintien de la mobilisation demeure de toute façon indispensable contre les nouvelles lois et mesures que prend la gouvernement : loi travail et conditionnalité du RSA, assurance-chômage, partage des valeurs, immigration, etc.
Il importe enfin de voir quel contre-feu il convient d’opposer à l’antiparlementarisme auquel les manœuvres gouvernementales conduisent. Parmi les pistes que peut ouvrir la crise : militer pour la pratique de référendums populaires, appeler les citoyens à s’exprimer au travers de pétitions nationales, rendre la parole au peuple et, bien-sûr, appeler au respect de la démocratie représentative.