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Le train entre progrès et loi du marché

par Philippe Allienne
Publié le 14 juillet 2022 à 17:07

Que sera le train de demain, le train autonome sans conducteur humain ? Sera-t-il bientôt opérationnel ? Dans quelles conditions, à quel coût et avec quels avantages et inconvénients ? A l’heure où le train du futur est en phase d’expérimentation, voire d’invention, dans notre région, ces questions soulèvent un curieux paradoxe. On sait que les premiers essais du prototype de TER autonome ont démarré il y a plus d’un an, en mars 2021, dans les Hauts-de-France. La SNCF avait présenté le projet, au niveau national, trois ans plus tôt. L’an dernier, à l’occasion des tests, le directeur du projet, Luc Laroche, assurait que notre région est le meilleur terrain pour le développer. « C’est un véritable écosystème de l’industrie et de la recherche dans le domaine ferroviaire », déclarait-il. De cela, nous ne pouvons qu’être fiers. Mais un tel projet ne peut se réaliser sans concertation avec les cheminots et les usagers. D’abord parce que les seconds ont besoin d’accepter le fait d’être trans- portés, à terme, sans conducteur. Ensuite parce que les cheminots doivent y trouver leur compte. En clair, la technologie, si belle et performante soit-elle, ne doit se développer au détriment des salariés. La direction de la SNCF se veut rassurante sur l’emploi et sur l’évolution des métiers. Mais les syndicats rappellent que l’emploi précarisé est jusqu’ici préféré au renouvellement des emplois pérennes. Tout cela pose la question de la rentabilité. En d’autres termes, si le train du futur ne vise que la rentabilité, le risque d’échec est grand. Il en ira tout autrement s’il vise l’amélioration du service public. Voilà aussi qui nous ramène au bras de fer qui oppose actuellement le Conseil régional des Hauts-de-France à la direction de la SNCF. En cause : la qualité du service précisément. Mais la colère du président de Région ne saurait faire oublier sa propre politique visant notamment à l’ouverture à la concurrence des TER. Entre les deux parties, le dialogue de sourds ne semble pas près de s’arrêter. Dommage qu’il s’exacerbe à un moment crucial où tout le monde reconnaît la nécessité absolue de privilégier la transition énergétique.