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Les bons et les pas bons

par Philippe Allienne
Publié le 23 décembre 2022 à 07:52 Mise à jour le 22 décembre 2022

Avec le « système » Macron, on n’est jamais déçu. Lui qui avait annoncé une autre forme de gouvernance pour son second quinquennat nous prouve une fois encore qu’il demeure ancré dans sa logique, dans sa continuité. L’un de ses fidèles lieutenants, Gérald Darmanin vient d’en apporter une preuve éclatante. Il a demandé aux préfets de « rendre la vie impossible  » aux personnes étrangères faisant l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Il leur ordonne « d’appliquer la méthode employée pour le suivi des étrangers délinquants » à tous les étrangers faisant l’objet d’un OQTF. Voilà l’un des points les plus cyniques qui transparaissent dans le projet de loi sur l’immigration qui sera présenté (imposé) l’an prochain. Reprenant le thème de l’immigration choisie qui avait été développé autrefois par Nicolas Sarkozy, le ministre de l’Intérieur opte pour un tri entre les bons et les mauvais immigrés. Les bons seront celles et ceux dont la France aura besoin pour ses métiers dits « en tension ». Cela permettra aussi aux « sans-papiers » qui auront su s’intégrer, et qui pourront le prouver, d’obtenir leur régularisation s’ils travaillent dans un de ces secteurs qui peinent à embaucher. En plus, il faudra dire merci à ce gouvernement qui donnera du travail, de quoi manger et vivre ailleurs que dans un environnement dont ils souhaitent s’éloigner, à des « étrangers ». Car pour les autres, qui ne correspondront pas aux critères requis, ce sera la galère continue, la criminalisation, l’expulsion et la politique du chiffre qui lui sera liée, la double-peine. Darmanin en rêve. Ce faisant, cette politique confirme le penchant de ce gouvernement à faire du charme à l’extrême droite, quitte à marcher sur ses terres. On vient de le voir avec l’adoption en première lecture de la loi prétendue « anti-squatteurs » mais en fait plutôt anti-pauvres. Zemmour qualifie les HLM de « terres de kebabs », le gouvernement lui fait plaisir par le biais d’un texte présenté par un député « Renaissance » et qui emprunte à un projet de Marine Le Pen. On le voit encore, sur le plan social, avec la réponse apportée à la grève des contrôleurs de la SNCF. Celle-ci donne l’occasion une fois de plus de dénigrer «  ces cheminots grévistes qui prennent en otage ces pauvres voyageurs ». Alors bien sûr, on pourra toujours rétorquer que d’autres pays européens pratiquent une telle politique d’immigration. Cela ne va de toute façon pas dans le sens de l’humain. Bon Noël, M. Darmanin.