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Les femmes sur tous les fronts. Retour sur le 8 mars

par Philippe Allienne
Publié le 10 mars 2023 à 14:11

Riche semaine que nous venons de vivre, et qui se poursuit, en matière de mouvement social et de revendications. Juste après la mobilisation du 7 mars contre le projet de réforme des retraites, la journée internationale pour le droit des femmes n’a pas démérité. Normal. À leurs revendications, les femmes se devaient d’ajouter leur refus de porter l’âge légal du départ en retraite à 64 ans.

L’opportunisme présidentiel

On le sait, les femmes sont nombreuses à ce jour à toucher une retraite inférieure de 40 % à celle des hommes. Si la réforme est adoptée, et on voit à quel point le gouvernement est décidé à ne pas reculer, elles devraient en fait travailler jusqu’à 67 ans. Et le temps partiel imposé ou non augmentera encore les inégalités. Avec ce qui apparaît comme un insupportable opportunisme, Emmanuel Macron rend hommage à Gisèle Halimi. Jusqu’à présent, il avait cru bon de ne rien faire. Comme par hasard, au moment où la France est dans la rue, le voilà qui fait diversion en faisant entrer dans l’Histoire l’avocate qui dérangeait par ses positions. Et il donne à cet hommage un « éclat particulier », selon le fils de Gisèle Halimi lui-même, en annonçant la présentation prochaine d’un projet de loi visant à inscrire l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution. La nouvelle est réjouissante mais, étant donné le contexte actuel et l’aggravation des conditions de retraite faites aux femmes, il n’est pas certain qu’elle aurait apprécié. Ce qu’attendent les femmes de façon urgente, c’est une vraie égalité entre les femmes et les hommes. Le projet de réforme des retraites contrarie cette nécessité et cette urgence.

Les promesses et la réalité des faits

Dans d’autres domaines, les droits des femmes peinent aussi à avancer. C’est le cas pour les violences sexistes et sexuelles. Les associations féministes réclament depuis longtemps un budget d’un milliard d’euros pour lutter contre les violences. Il n’a pas été débloqué. Les violences menacent toutes les femmes, des plus pauvres aux plus riches. Elles méritent un traitement exceptionnel.

L’égalité pour objectif

En manifestant pour leurs droits, pour l’égalité et contre le projet de réforme des retraites, ce 8 mars, les femmes venaient d’apprendre que la majorité de droite, au Sénat, avait voté un amendement proposant une part de capitalisation collective. « Il ne faut pas avoir peur du capitalisme » dit un député LR de la région pour défendre ses collègues sénateurs. C’est précisément le capitalisme qu’il faut remettre en question pour aller vers une vraie justice et une vraie égalité. En toute logique, la lutte contre le capitalisme va de pair avec la lutte contre cette autre domination : celle du patriarcat.