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Mais à quoi joue la presse bourgeoise ?

par Philippe Allienne
Publié le 1er juillet 2022 à 13:54

De nombreux médias, ces derniers jours, semblent avoir trouvé leur bon sujet. Après les rencontres organisées par Emmanuel Macron avec les représentants de son opposition issue des législatives, les commentaires vont bon train concernant le secrétaire national du Parti communiste français. Parmi les principaux titres qui s’en donnent à cœur joie, citons La Voix du Nord qui, le 27 juin, se demande « Mais à quoi joue Fabien Roussel, devenu “grain de sable de la Nupes ?” ». Le quotidien régional se torture autour d’une possible entrée des communistes au gouvernement. Une question que ne manquent pas de relever Mathilde Panot, la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, et la députée LFI Clémentine Autain qui, sur France Inter, assure ne pas comprendre très bien ce que dit Fabien Roussel. Normal, surtout si elle a lu Libération du 28 juin pour qui « Le secrétaire nationale [sic] communiste sème le trouble chez ses partenaires de la Nupes et aime ça (…) ». Libé se demande lui aussi à quoi joue Fabien Roussel ! Le problème est que ce dernier n’a jamais dit ce qu’on veut lui faire dire. Mais lorsqu’il tente de préciser, on lui reproche de faire du rétropédalage. La Nupes dérange les habitudes des médias bourgeois qui semblent un peu perdus et certains - ou certaines - semblent y prendre grand plaisir. Ce n’est d’ailleurs pas très nouveau. Dans son numéro daté de septembre 2020, le magazine Regards dénonçait les « doubles langages de Fabien Roussel ». C’est que ce dernier avait annoncé son intention de rendre de la visibilité au PCF. De là à donner à penser une volonté de collaborer à un gouvernement placé sous la tutelle de Jupiter, il y a un pas que, visiblement, on n’hésite pas à franchir. Fabien Roussel s’est pourtant montré clair en expliquant que les communistes ont vocation à œuvrer pour les ouvriers et qu’un gouvernement d’union nationale, ils connaissent, c’est dans leur histoire. Celle notamment de 1944 à 1946 lorsque deux communistes, François Billoux et Charles Tillon, sont entrés au premier gouvernement provisoire formé par le général de Gaulle le 31 août 1944. Ils seront cinq pour le second gouvernement toujours formé par de Gaulle le 13 novembre 1945 : Maurice Thorez, Ambroise Croizat, François Billoux, Marcel Paul et Charles Tillon. L’objectif était alors d’appliquer les dispositions du Conseil national de la Résistance. Et même si la presse actuelle cite souvent de Gaulle pour évoquer la création de la Sécurité sociale, oubliant Ambroise Croizat, on sait la part que les ministres communistes ont pris dans notre système de protection sociale. Nombreux aujourd’hui sont ceux qui ont oublié cette partie de notre Histoire ou qui l’ignorent tout simplement. Tel n’est pas le cas de Fabien Roussel qui connaît l’histoire de son parti et de son pays. Il est bien certain qu’il n’a aucune envie de jouer avec Emmanuel Macron, qui n’a rien d’un de Gaulle, et dont le Conseil national de la refondation (« son » CNR) va précisément à l’encontre des idéaux du Conseil national de la… Résistance.