Accueil  >  Idées  >  L’édito

OÙ L’ON REPARLE DU DROIT DE VOTE DES ÉTRANGERS

par Philippe Allienne
Publié le 19 août 2022 à 17:31

Qu’est-il passé dans l’esprit de Sacha Houlié, député Renaissance et président de la commission des lois ? Le 2 août, sans consulter son groupe, il a déposé une proposition de loi constitutionnelle visant à accorder le droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales aux étrangers extra-communautaires. Les ressortissants des pays membres de l’Union européenne ont déjà ce droit. Cette belle idée n’est pas nouvelle, on le sait. Elle faisait partie des promesses de campagne du candidat Mitterrand lors de l’élection présidentielle de 1981. Bien plus tard, François Hollande l’a reprise. Sans plus de succès. La dernière fois qu’un colloque s’est déroulé à Lille sur ce thème, c’était en 2012. Avec beaucoup de belles paroles très vites oubliées.

On sait que cette question est clivante. À droite et à l’extrême droite, elle hérisse le poil. Chez LREM, la proposition de Sacha Houlié en a défrisé plus d’un ou plus d’une. Sarah El Haïry, par exemple, la secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et du Service national universel (SNU) désapprouve. Elle préfère parler naturalisation. Sauf que, tout le monde le sait, le parcours d’un ressortissant étranger pour devenir Français est particulièrement difficile. Il le deviendra sans doute encore davantage lorsque le ministre de l’Intérieur présentera sa loi sur l’immigration. Les chevénementistes de Refondation Républicaine, y sont également farouchement opposés. Ils craignent une dérive communautariste. On peut donc effectivement se poser la question du pourquoi le député Houlié fait ressurgir ce serpent de mer maintenant. Cherche-t-il une reconnaissance pour « l’aile gauche » de son parti ? Sincère ou pas, il semble bien arriver avec de gros sabots à l’heure où l’on frappe à tour de bras sur les «  islamo-gauchistes » et leur « complaisance » pour le communautarisme. Voilà, un bon moyen de tenter de déstabiliser la Nupes. Et puis, on ne peut se faire d’illusion sur les intentions de Gérald Darmanin en matière d’immigration et de droit des étrangers. Les progressistes sont évidemment favorables à ce droit de vote et d’éligibilité. Mais le chemin pour y parvenir est de plus en plus compliqué. La tendance à droite, à l’extrême droite et chez les macronistes est plutôt à maintenir une discrimination entre les étrangers européens et les étrangers qui arrivent avec d’autres modes de vie, d’autres religions. Le gouvernement actuel ne promet pas d’apaisement sur cette question.