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Parrainages, vous avez dit parrainages ?

par Philippe Allienne
Publié le 14 janvier 2022 à 11:11

« 3 000 parrainages pour votre candidature à l’élection présidentielle ? » En matière de journalisme, on peut tout oser. Il le faut même. Laurence Ferrari, présentatrice vedette de CNews n’a pas hésité, provoquant un sourire largement épanoui de son interlocuteur, Fabien Roussel. Sans se démonter, et sans donner davantage de précisions sur le nombre de signatures qu’il a recueillies jusqu’à présent, le candidat communiste a d’abord tenu à rappeler que c’est le Conseil constitutionnel qui fera les comptes et les validera le 28 janvier. Patience donc… Autre précision utile pour répondre à la provocation : quand on connaît le nombre d’élus, maires et parlementaires compris, qui sont prêts à apporter leur parrainage, il serait bien difficile d’atteindre 3 000 signatures ! Voilà bien un des sujets qui taraude en ce moment les médias comme de nombreux candidats et candidates. Vais-je obtenir le nombre suffisant de parrainages pour pouvoir me présenter ? Et la multiplication des candidatures n’arrange pas l’affaire. Ce faisant, nous retrouvons les sempiternelles suspicions tellement entretenues lors des scrutins précédents par la famille Le Pen. Mais cette fois, c’est un candidat du camp de gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui crie au loup. Qui pourrait croire que la candidature à l’Élysée lui serait fermée ? Personne assurément. Mais cela permet de tacler les partisans du candidat communiste. Certains commentateurs vont même jusqu’à soupçonner ce dernier d’interdire aux élus du PCF d’apporter leur soutien au malheureux Jean-Luc. Horreur et malédiction. Le candidat qui défend la bonne bouffe voudrait ainsi se rallier les élus de son propre parti. Il serait bien le seul. Voilà donc, à moins de cent jours du scrutin, où en est le débat politique. Quant à la bonne bouffe, précisément, nous aurons aussi pu apprécier, ces derniers jours, les réflexions suscitées par les propos de Fabien Roussel défendant la gastronomie française qu’il faut mettre à la portée de toutes les bourses. Manger de la viande de qualité, boire du bon vin et aimer le fromage nous ramènerait donc du côté sombre des nationalistes réactionnaires BBR. Mieux vaudrait, sans doute, laisser le peuple bouffer n’importe quoi pourvu que cela soit bon marché. Défendre le pouvoir d’achat, un emploi et une vie digne seraient ainsi des valeurs obsolètes ? De tels sujets, ainsi montés en épingle, sont risibles. Hélas, les faits demeurent têtus. Parler révolution ne veut pas dire être révolutionnaire. Le candidat Roussel préfère quant à lui débattre sur le fond, c’est-à-dire sur les idées. Pour changer la vie.