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Pas de candidat à plouf plouf !

par Philippe Allienne
Publié le 10 décembre 2021 à 13:04

Fallait-il qu’elle se sente à ce point aux abois ? Moins de deux mois après avoir été investie par les adhérents du Parti socialiste pour être candidate à l’élection présidentielle, voilà qu’Anne Hidalgo souhaite une primaire pour désigner la ou le candidat « de gauche ». Et comme le dit haut et fort le secrétaire général du PS, Olivier Faure, cette primaire-là, qu’il appelle lui aussi de ses vœux, n’a évidemment rien à voir avec une primaire au sein du parti qu’il représente. Le 14 octobre, la maire de Paris avait obtenu 72 % des voix socialistes. Le suspens pouvait prendre fin et la candidature PS faisait figure d’évidence. Elle espérait alors faire mieux que Benoît Hamon en 2017. Mais depuis ce 8 décembre, à la faveur du journal télévisé de 20 heures de TF1, rien ne va plus. Anne Hidalgo souhaite « redonner espoir au peuple de gauche » en défendant l’idée d’un rassemblement. Les sondages ont parlé, qui la créditent de 3 à 6 % d’intentions de vote. Se sentant bien trop faible, elle se verrait sans doute bien à la tête de toute la gauche réunie car, dit-elle avec aplomb, « cette gauche fracturée, qui aujourd’hui désespère nos concitoyens, doit se retrouver et se rassembler pour gouverner ». Choix courageux ou opportunisme ? Les verts, les insoumis, les communistes ont tout de suite répondu par la négative à sa proposition. Le candidat communiste Fabien Roussel lui a même renvoyé la balle, ainsi qu’à Arnaud Montebourg, non sans esprit d’à propos : « Si vous doutez de votre candidature, venez nous rejoindre » leur lance-t-il. Les bruissements de couloir voulant qu’il se retirerait lui-même, tôt ou tard, en raison de sondages peu flatteurs, devraient plutôt développer cette idée qu’il a posée face aux journalistes de France Info : « La primaire, c’est fait pour trancher sur telle ou telle personne » or, poursuit-il, on ne va certainement pas retrouver l’espoir à gauche en réglant un problème de personne ou en affichant un nom unique. Ainsi, au lieu de désigner un candidat « à plouf plouf », mieux vaut s’attacher à « conquérir de nouveaux électeurs ». C’est là que se situe le véritable enjeu : reconquérir, en les intéressant, les classes populaires (dont certains se complaisent un peu trop à estimer qu’elles sont parties à l’extrême droite), apporter des réponses ambitieuses, de gauche, à des électeurs perdus, tourner résolument le dos au libéralisme et au capitalisme. À force de commenter des sondages portant sur des intentions de vote, on finit par oublier d’analyser et de parler véritablement politique et programmes.