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Quand les fournisseurs privés se font prédateurs

par Philippe Allienne
Publié le 15 octobre 2021 à 12:39

ENI est un fournisseur d’énergie, une entreprise énergétique intégrée, bref une entreprise privée qui propose ses services dans les foyers. Elle exerce ses activités dans 68 pays et ambitionne de grossir toujours plus. Lorsqu’elle propose ses services, elle assure être supérieure aux autres fournisseurs. Supérieure en qualité, meilleure en matière tarifaire. En ces temps d’augmentation fabuleuse de la facture énergétique, il pourrait y avoir de quoi se laisser tenter. Gare au miroir aux alouettes ! Depuis le début de l’année, les prix du gaz et de l’électricité n’ont de cesse d’augmenter. En moins de quinze ans, ils ont été pratiquement multipliés par deux. Comment les ménages peuvent-ils le supporter ? Comment les foyers les plus modestes peuvent-ils ainsi payer pour la privatisation de nos services publics ? Il faut au contraire encadrer les prix de l’énergie et nationaliser EDF et Engie. Nous en sommes loin. Un maire en ce moment, est en colère. Il s’agit de Jean-Marc Tellier. Le premier magistrat de la ville d’Avion, dans le Pas-de-Calais, a tiré le signal d’alarme et a décidé de prendre un arrêté municipal interdisant aux fournisseurs de couper l’énergie aux usagers qui seraient placés dans l’impossibilité d’honorer leurs factures avant la trêve hivernale fixée au 1er novembre. Une pétition, a été portée à la signature des habitants. Bien sûr, le maire communiste sait que son arrêté a toutes les chances d’être retoqué par le préfet. Pourtant, il n’a pas manqué d’être surpris. Quelques jours seulement après la publication de son texte, une famille de huit personnes, dont six enfants âgés de 3 à 13 ans, s’est vu couper l’électricité par la société Engie chez qui elle a pris un abonnement. Engie lui a donné 20 jours pour honorer un arriéré de facture mais a coupé quatre jours après son avertissement ! Inique autant que violent. L’histoire ne s’arrête pas là. Quelques jours plus tard, c’est ENI qui prive un monsieur de plus de 75 ans, veuf, pour une facture de 50 euros. Ce dernier ne peut plus voir le jour (ses volets fonctionnent à l’électricité), ne peut plus se nourrir, ne peut plus faire sa toilette. Certes, dans le premier cas, le maire d’Avion est parvenu à régler la situation et a pu faire rétablir l’électricité. Dans le second cas, nul doute qu’il parvienne à soulager la peine de son concitoyen. Mais ici, ENI est allé plus loin en cassant le contrat qui le liait à ce dernier. Pour la petite histoire, le préfet n’a pas réagi à l’arrêté du maire. Mais en attendant, on voit bien que rien ne retient les fournisseurs qui se retranchent derrière les méandres des plateformes téléphoniques qui réduisent l’humain à néant. Surtout, ils voient arriver l’hiver et se dépêchent de se protéger avant la trêve hivernale. Pour cela, ils n’hésitent pas à faire payer les plus pauvres. Ce n’est pas le monde que nous voulons pour nos enfants.