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Solidarité avec l’Humanité et nos confrères attaqués par le roi du Maroc !

par Philippe Allienne
Publié le 29 octobre 2021 à 11:20

C’est effarant. Le roi du Maroc n’a pas hésité à assigner plusieurs journaux français, dont l’Humanité. Il les attaque en diffamation dans l’affaire dite « Pegasus ». On savait, depuis les révélations de cet été, que de nombreux journalistes français étaient dans le viseur du logiciel espion utilisé par le Maroc pour surveiller et intimider les journalistes et leurs sources marocaines. Parmi ces journalistes : nos confrères du Monde, de Radio France, de Mediapart, de l’Humanité. Le Maroc a eu beau démentir et menacer, on ne saurait croire ses dirigeants. Rosa Moussaoui, par exemple, a été ciblée parce qu’elle est grand reporter à l’Humanité. À ce titre, elle a souvent dénoncé les pratiques répressives de l’État marocain en lien notamment avec la révolte du Rif et la question sahraouie. On sait à quel point le royaume est sensible et chatouilleux sur ces points. Les journalistes marocains n’ont qu’à bien se tenir. Mais ils ne sont pas tous, loin de là, des plumitifs serviles. Il leur faut beaucoup de courage pour exercer leur métier dans de telles conditions. Le fait nouveau, ici, est de s’attaquer directement à des journaux étrangers en leur donnant, en quelque sorte, des leçons d’éthique. C’est que, outre les raisons pour lesquelles les journalistes étaient espionnés, le royaume ne peut supporter d’être mis en cause. Or, personne ne peut nier l’existence du logiciel Pegasus développé par la société israélienne NSO. L’affaire a été révélée par l’association Forbidden Stories, Amnesty International et… l’association de 17 médias internationaux. Voilà qui est en effet insupportable pour un État qui ne cache pas son hostilité aux droits fondamentaux, qui ne supporte pas l’idée d’avoir des opposants, qui supporte encore moins de se faire pincer, les doigts dans le pot de confiture. Les journalistes marocains et étrangers ne sont bien sûr pas les seuls à avoir été espionnés. De nombreuses personnalités politiques ont été citées. Quoi qu’il en soit, le ministère public, devant la 17e chambre du tribunal de Paris, a assuré qu’il plaidera l’irrecevabilité des plaintes déposées par le Maroc. C’est une bonne chose. En revanche, on ne peut que s’étonner du silence pesant - pour ne pas dire assourdissant - de l’État français. Les journalistes sont pourtant en droit d’en attendre le soutien.