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Troisième vague et confinement

par Philippe Allienne
Publié le 23 mars 2021 à 10:45

Le suspense est tombé, au moins pour 16 départements, ceux d’Île-de-France, les Alpes-Maritimes, l’Eure, la Seine-Maritime et… ceux des Hauts-de-France. Chaque jeudi soir, nous attendions toutes et tous les décisions, plus ou moins connues à l’avance, qu’annoncerait le Premier ministre ou le ministre de la Santé. Confinera, confinera pas ? Et puis, les taux d’incidence ont parlé. Dans les Hauts-de-France, ce taux était de 381 au moment où s’exprimait Jean Castex ce 18 mars à 19 h. C’est en-dessous du seuil des 400 mais, a dit le chef du gouvernement, il devrait être atteint rapidement. En plus du confinement pour les 16 départements concernés, le couvre-feu continue à s’appliquer, mais à partir de 19 h pour tenir compte de l’heure d’été. Nul doute que la vie va encore se compliquer dès ce vendredi soir. Mais la santé doit primer. Simplement, il est de plus en plus difficile de comprendre et de croire le Premier ministre quand il affirme que son gouvernement a toujours pris les bonnes décisions. Il est difficile aussi de comprendre le président Macron lorsqu’il persiste à dire que chaque semaine non confinée est une semaine gagnée. Gagnée pour qui ? Pas pour les victimes de la Covid-19 en tout cas. Que, d’autre part, la situation sanitaire ne soit pas égale partout en France peut s’entendre. Mais qui dit qu’un reconfinement pour tout le pays ne sera pas indispensable dans quelque temps ? Car l’épidémie est en train de flamber dans le pays tout entier. Pendant ce temps, le gouvernement continue de manquer tous ses rendez-vous. Après l’épisode des masques puis des tests l’an dernier, celui de la vaccination cette année relève du grand art. Passons sur l’épisode AstraZeneca qui restera dans les mémoires. Le laboratoire s’est déjà distingué par ses retards de production et de livraison, mais la suspension de la vaccination en raison du principe de précaution - que l’on peut là aussi admettre - ne peut que perturber la bonne marche de cette vaccination pourtant indispensable. Il faudra vérifier que les personnes concernées par ce vaccin ne perdent pas confiance en un produit qui a souvent été présenté comme inférieur aux autres, ses concurrents. Plus que jamais, il est nécessaire de faire tomber les brevets et de ne pas laisser les « big pharma » gérer notre santé. Le vaccin comme « bien commun » ne doit pas se réduire à un simple slogan. Il est tout autant indispensable que le gouvernement accepte plus de transparence et davantage de débat avant sa prise de décision. C’est loin d’être le cas aujourd’hui, surtout quand on sait que les avis du Conseil scientifique ne sont pas transmis à temps, voire pas du tout, aux présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat. Et puis, il serait grand temps que le gouvernement change sa politique de santé et réponde enfin aux demandes des hospitaliers au lieu de continuer à réduire le nombre de lits dès qu’il en a l’opportunité. Le combat contre la pandémie est certes l’affaire de tous. Mais elle appelle à la clarté et à la clairvoyance de nos dirigeants.