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Un chef de guerre en campagne

par Philippe Allienne
Publié le 16 juillet 2021 à 10:57

Trop bonne l’émission télévisée de ce lundi 12 juillet. Trop fort, l’animateur de ce 20 heures au costard bleu Klein impeccable. Il vient pour nous entretenir quatrième vague et nous refait illico le coup du chef de guerre. Mais là, cela n’a plus rien à voir avec le stratège Bonaparte. Alors que le public est tout heureux de se sentir libéré, voici le chef de l’État lui annoncer, le regard ténébreux et insistant, l’extension du pass sanitaire et un calendrier très rigoureux. Et puis, les menaces pleuvent. Notamment sur le personnel soignant qui risque de ne plus pouvoir travailler et de ne plus être payé. Le président revêt à nouveau son habit de chef de guerre. La canaille anti-vax va en baver. Dès le lendemain, l’État-major entre en scène, mais pour dire tout le contraire ! Gabriel Attal, sur Europe 1 évoque des souplesses. Monsieur est trop bon. Olivier Véran, le ministre de la Santé hostile à l’obligation vaccinale mais converti depuis le 12 juillet au soir, explique sur BFM TV que la loi ne sera pas applicable au 1er août pour les bistrots et qu’il y aura des délais. Le soir même, au JT de France 2, il repousse l’échéance du pass pour les ados. Dame, il ne faut pas gâcher les vacances des familles. Que penser alors de l’intervention de Jupiter ? Un coup de bluff pour forcer une grande majorité du public, encore hésitante, à se faire vacciner, sinon, plus de bistrot ? Au vu des inscriptions à la piqûre dès lundi soir, cela a plutôt marché. Alors, pourquoi un tel rétropédalage 12 heures plus tard ? Parce que, nous apprend-on, certaines mesures étaient inapplicables aussi rapidement. Il fallait juste y penser. Et cela nous renvoie dans les grands moments d’une gestion approximative de la crise. Passons sur les réactions des anti-vax et des comparaisons odieuses que certains ont osées avec les sombres heures des années 40. Cela n’appelle même pas au commentaire. S’agissant de la démarche présidentielle, nous pouvons comprendre la volonté de convaincre les récalcitrants de la vaccination. Nous ne pouvons admettre la contrainte jointe à la menace sur des personnes que l’on applaudissait il y a peu. Là aussi, le procédé est odieux et celui qui s’y prête apparaît réellement dangereux. Y aura-t-il demain des interdictions professionnelles, des interventions policières, des amendes lourdes ? Pour ces dernières, c’est déjà promis. Ensuite, le président passe rapidement à un tout autre sujet : la poursuite de ses réformes impopulaires et injustes dans la lignée qui a mené la France à l’insuffisance sanitaire. Ce lundi soir, le chef de guerre était en campagne électorale. Il avait commencé avec son tour de France. Sa méthode est profondément détestable. Comme toujours.