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Volonté politique, nécessité sociale, urgence environnementale

par Philippe Allienne
Publié le 17 juin 2021 à 21:08

Les élections régionales remettent les transports gratuits en tête des préoccupations des listes de gauche et écologistes. Dans les Hauts-de-France, la liste menée par la Verte Karima Delli prône la gratuité du réseau ferré TER pour les jeunes de moins de 26 ans. Récemment, la métropole européenne de Lille (MEL) refusait cette gratuité pour l’ensemble des jeunes sur le réseau Ilévia (bus, métro, tramway). Bien avant cela, les élus Verts de la MEL s’opposaient à la gratuité des transports en commun en général, un combat mené notamment - et depuis de longues années - par les jeunes communistes et par le PCF. Pendant très longtemps, les collectivités publiques expliquaient que cette gratuité n’était pas possible en raison du coût généré. Puis, de petites communes françaises ont adopté ce système sans que cela épuise leurs finances et augmente les impôts locaux. Peu à peu, l’idée fait son chemin. Dunkerque a été la plus grosse agglomération de la région à se convertir. Elle a été suivie par le Calaisis, dans le Pas-de-Calais. Elle le sera dans le Douaisis, à nouveau dans le Nord, à compter de janvier 2022. À Paris, on y pense beaucoup. À Lille, il faudra bien y venir. Cela nécessite une réelle volonté politique, à commencer par celle du gouvernement. Les collectivités ont besoin d’être appuyées. D’autant que la gratuité doit s’accompagner de moyens de transport hybrides ou électriques. À défaut, des bus gratuits thermiques ne réduiraient pas la pollution de manière suffisante. Le bilan environnemental des expériences existantes montre d’ailleurs que de nombreux usagers des bus gratuits ne possèdent pas de voiture ou ne sont pas conducteurs. La gratuité a jusqu’à présent induit de nouveaux usages et offert de nouvelles possibilités pour les personnes les plus modestes. Elle répond davantage à un besoin social, qui est bien réel, qu’elle ne répond à une urgence environnementale. Dans ce vaste chantier, il reste à construire une nouvelle politique de déplacements ur- bains avec de vraies et efficaces alternatives à l’automobile. La gratuité doit être bonne à la fois pour les usagers et pour le climat. Faute de quoi, la voiture individuelle continuera à être préférée.

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transports gratuits