Elle avait pourtant été annoncée cette allocution présidentielle de lundi soir, la France retenait son souffle, le président de la République allait déclarer... Ben rien, en fait. Elle ne fut pas trop longue, 13 minutes, montre en main, 780 secondes au total. On aurait pu s’attendre à ce qu’une personne disant « comprendre la colère du peuple » prenne une mesure forte d’apaisement. Au lieu de cela, nous eûmes droit à un discours lénifiant, jargonnant et d’un vide sidéral, surtout. Il y a vraiment une forme de déconnexion chez ce président, il avance coûte que coûte dans sa mission transformatrice au service des marchés financiers qui l’ont choisi et soutenu, il y a six ans. L’argumentaire, qui n’en est pas un, pour justifier la réforme des retraites, répété une énième fois, sans convaincre. Ce matin, j’ai auditionné les associations organisatrices de l’aide alimentaire en France, elles sont unanimes pour souligner l’urgence de la situation de pauvreté de millions de nos concitoyens, avec plus de 30 % de hausse de la fréquentation des permanences du Secours pop’, des Restos du cœur, des Banques alimentaires et de la Croix-Rouge. Pas un mot de Macron sur le sujet, la République, c’est tout le monde. Cette interview a été un non-événement . On nous dit aujourd’hui que l’inflation s’accentuerait jusqu’au mois d’août. Heureusement, Bruno Le Maire envoie des courriers incendiaires aux groupes qui en profiteraient pour augmenter leurs marges, et quand Bruno se met en colère, eh bien... il ne se passe rien. Alors, cette annonce des « 100 jours » a intrigué et suscité bien des commentaires, faute de fond, on parle de la forme... Vous vous souvenez sans doute de cette période de l’histoire de France : Napoléon, de retour de l’île d’Elbe, le 20 mars 1815, reprit le pouvoir jusqu’au 22 juin 1815. Tout ceci se termina par une cuisante défaite à Waterloo. Napomacron, prends garde à toi !
La chronique d’Éric Bocquet Indispensables maires
