Atterrissage et malentendus...

par ERIC BOCQUET
Publié le 19 avril 2019 à 17:36

Nous sommes enfin arrivés au terme du « grand débat national », les conclusions viennent d’être tirées et chacun attend avec impatience les propositions de Jupiter. A l’approche de Pâques, peut-être en espère-t-il une forme de résurrection politique…

Chacun en convient, les attentes sont fortes : justice fiscale, justice sociale, ISF, services publics de proximité et démocratie, exigence d’être enfin respectés et pris en compte. Nous avions déjà traité de ce sujet ici-même il y a quelques semaines et nous avions parlé d’inquiétude chez les tenants du libéralisme, macronien ou pas.

Croisé parmi les milliers de témoignages exprimés dans le débat, celui-ci, pris au hasard : «  Je n’ai pas fait le Noël de mes petits-enfants car je n’avais pas 10 euros à leur donner  », nous dit cette grand-mère de Saint-Aignan, dans le Loir et Cher. Les fins de mois difficiles, l’équation impossible entre des revenus minuscules et des dépenses contraintes en hausse masquent un quotidien fait non seulement de privations, de souffrances, de choix cornéliens entre se nourrir et se chauffer, mais aussi de renoncements à l’essentiel. L’isolement géographique, la pauvreté, la honte peuvent avoir raison des liens qui nous sont chers.

On a quand même le sentiment d’un fossé énorme entre le pouvoir incarné aujourd’hui par M. Macron, par d’autres hier, et l’immense majorité du peuple (qui décidément n’est pas un gros mot, ni en France ni en Algérie). C’est le rejet des politiques d’austérité successives qui s’est exacerbé dans la dernière période.

Ce pouvoir a tout essayé pour enrayer la protestation, le dénigrement avec l’épouvantail de l’extrême droite, l’image des beaufs qui «  clopent et roulent au diesel  », qui picolent un peu ; ils ont aussi essayé la violence pas en gilet jaune mais en capuche noire, la répression aussi entraînant blessures et éborgnés, une loi « anticasseurs » dont même le Conseil constitutionnel a retoqué une disposition, celle décrétant l’interdiction de manifester.

Non, décidément, rien n’y a fait, cette crise est trop profonde, et finalement de manière très contradictoire, ce mouvement partant du rejet des politiques quels qu’ils soient, pose des questions fondamentalement politiques. La question qui est clairement posée aujourd’hui est celle du dépassement de ce système libéral, de l’argent qui domine et dirige tout et génère des inégalités de plus en plus grandes. Ce combat a été de tous temps le nôtre et continue d’être celui des militantes et militants du PCF d’aujourd’hui ! Ian Brossat y compris !