Avant hier, hier et demain...

par ERIC BOCQUET
Publié le 10 mai 2019 à 11:45 Mise à jour le 14 mai 2019

Je suis tombé, par le plus grand des hasards, sur un document interne d’une grande banque française de financement, de gestion et de services financiers créée en 2006. Je ne peux citer son nom car ledit document précise en note de bas de page ceci : « ce document d’informations est strictement confidentiel et s’adresse exclusivement àune clientèle de professionnels ou d’investisseurs qualifiés ». L’immense majoritédes gens doit tout ignorer de ce document, c’est pourquoi j’ai décidé de vous en parler.

Le titre de la note est particulièrement éloquent : « L’inflation a disparu parce que la lutte des classes a disparu ». Avouez que cette formulation a de quoi surprendre. Mais les explications fournies ensuite sont tout à fait édifiantes. Je cite : « lorsqu’il y avait lutte des classes (années 1950 à1980), les salariés étaient représentés par des syndicats forts, par de grands partis politiques de gauche. Ces corps intrmédiaires étaient en conflit avec les entreprises pour le partage des revenus, et les conflits se terminaient en compromis, un peu favorables aux salariés en raison de leur capacitéforte de négociation. Pour rééquilibrer le partage des revenus en leur faveur, les entreprises utilisaient alors l’inflation qui résultait donc de la lutte des classes... Mais aujourd’hui, avec la désyndicalisation, la flexibilité plus grande du marché du travail, la disparition du Parti Communiste, la désindustrialisation, il n’y a plus de lutte de classes, donc il n’y a plus d’inflation ». Fin de la démonstration.

Ce document me fait inévitablement penser àune citation d’un ancien dirigeant du CNPF (l’ancêtre du MEDEF actuel), M. Yvon Chotard, qui disait, dans les années 70, « on ne fait pas la même politique en France selon que le Parti Communiste est à20% ou 10% des voix ». On ne peut rêver plus bel hommage.

Et puis cette autre déclaration, plus récente, celle-là, de Denis Kessler, un autre idélogue du MEDEF, qui déclara dans une interview àChallenges, le 4 octobre 2007, nous étions quelques mois après l’élection de N. Sarkozy, le MEDEF indiquait clairement le chemin àsuivre : « Il s’agit de défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance et de tout ce qui a étémis en place entre 1944 et 1952, sans exception ». On ne saurait être plus clair !

Alors, àtous ceux qui s’interrogent sur l’utilitédu Parti Communiste Français, voilàquelques données historiques tout àfait éclairantes. Enfin, je voudrais rassurer l’auteur de la note citée au début, le Parti Communiste n’a pas disparu, il s’est affaibli et l’enjeu est de lui redonner de l’influence, ça peut même commencer le 26 mai aux Européennes avec la liste de Ian Brossat.