Les salariées de Vertbaudet, après 73 jours de grève, viennent de remporter une victoire. Elles réclamaient une hausse de salaires. On pense notamment à Sandrine, interrogée dans ces colonnes la semaine dernière, salariée depuis 1999, qui n’a aucune prime d’ancienneté et gagne 1 300 euros comme les autres employées, jamais à l’abri de la précarité avec un tel niveau de revenus. Un accord a été obtenu après cette lutte déterminée : entre 90 et 140 euros de hausse et l’embauche d’une trentaine d’intérimaires. La direction s’obstinait dans le refus, le mépris, l’insulte, la pression et l’intervention des forces de police face à des salariées qui, pour la plupart, n’avaient jamais fait grève. Et pourtant, il suffit de regarder certains chiffres du bilan de l’entreprise : la marge nette est passée de – 0,7 %, en 2018, à + 3,6 %, en 2021 ; la valeur ajoutée de 49,7 millions, en 2018, à 56,6 millions, en 2021, et sur la même période la part des salaires est passée de 15,6 % à 12,1 % ! Ce qui n’était pas possible il y a 73 jours l’est devenu après une bataille exemplaire qui laissera des traces. Oui, leur monde a changé, un peu plus de salaire pour faire face aux nécessités de la vie. Il a changé aussi dans leur tête, ce combat a accéléré les choses en matière de prise de conscience de la réalité sociale et économique du monde de l’entreprise. La direction ne se permettra plus le mépris. Vous rentrez la tête haute, en ayant permis à l’ensemble des salarié.e.s de bénéficier de ces acquis. Il y a eu aussi cette grande solidarité des travailleurs, y compris financière, les coups de klaxon de soutien des automobilistes, des routiers, quand nous étions sur place. Et puis, la plus belle leçon, c’est celle d’une lutte victorieuse, un message magnifique à toutes celles et tous ceux qui cherchent une voie mais parfois se désespèrent. Les Vertbaudet ont contribué à changer le monde !
La chronique d’Éric Bocquet Indispensables maires
