Est-ce déjà le retour de « Sleepy Joe » (Joe l’endormi) brocardé par Trump durant la campagne des présidentielles américaines ? Nous nous étions (un peu) réjouis il y a quelques semaines de l’annonce de la nouvelle administration américaine de taxer les multinationales à un taux minimum de 21 %. C’était incontestablement une véritable avancée dans la lutte mondiale contre le dumping fiscal et donc les paradis fiscaux. Hélas, ces annonces n’ont duré que ce que durent les roses, c’est-à-dire l’espace d’un instant. En effet, il y a quelques jours, Washington a finalement fixé à 15 % le taux minimum international d’impôt sur les sociétés. Que s’est-il donc passé ? En fouinant un peu dans mes archives, je suis retombé sur un article du New York Times du 10 août 2020. Nous étions en pleine campagne aux US, Joe Biden annonçait qu’il allait remettre de l’ordre dans les situations fiscales des grands groupes, notamment du numérique. En mars dernier encore, Joe Biden avait déclaré qu’Amazon ne payait pas un seul dollar d’impôt fédéral sur le revenu... L’article du New York Times indiquait à l’époque que son équipe de campagne avait intégré plusieurs représentants des GAFA en son sein. Des économistes, des juristes, des conseillers et d’autres membres ayant des liens étroits avec les entreprises du numérique. De là à penser qu’il y aurait une corrélation étroite entre cette « intégration » et les choix fiscaux de Biden, il n’y a qu’un pas que je m’empresse de franchir allègrement. Et puis, quand on regarde d’un peu plus près les donateurs du financement de la campagne du candidat Biden, on se rend compte que les plus généreux ont été les salariés (y compris les PDG) des GAFA qui ont apporté une contribution globale de 15 millions de dollars. On peut en conclure que les payeurs « aident » à la prise de décision. Réveille-toi Joe, sinon tu finiras dans les déboires du renoncement.