J’ai peur, maman !

par ERIC BOCQUET
Publié le 28 septembre 2019 à 03:10

Loin de moi l’idée de me délecter dans le misérabilisme à la Zola. C’est une enquête récente du Secours Populaire Français publiée il y a quelques temps qui m’a décidé à consacrer le billet de la semaine à l’évolution de la pauvreté dans notre pays.

C’est un fait indéniable, l’insécurité sociale ronge les esprits. Ainsi, aujourd’hui en France, 62% des enfants âgés de 8 à 14 ans craignent de devenir pauvres un jour. « C’est une tendance vraiment nouvelle et inquiétante. En 2012 nous n’avions pas de tels chiffres » constate Houria Tareb, secrétaire nationale de l’association. « C’est dû au fait que la pauvreté est plus visible. Ce qui marque les enfants, c’est de voir des familles dormir dans la rue. C’est un phénomène qui n’existait pas il y a encore deux ans, et pour eux, c’est inadmissible ».

Effectivement, en 2012 et 2015 ce chiffre d’enfants inquiets était de 58% (déjà ou « seulement »). Quand une société désespère ainsi sa jeunesse, c’est l’urgence du changement de société qui est soulignée. J’en étais resté à ces adolescents dans la galère, « no future », ou encore à ces jeunes salariés qui nous disent parfois « moi, la retraite, de toutes façons, je ne l’aurai jamais ». Et il est vrai que cette lancinante mélodie de la fin de l’histoire leur est assénée depuis les premières années de leur vie.

On explique ainsi aux nouveaux nés, ou plutôt à leurs parents, qu’ils sont endettés de 32 000 euros avant même d’avoir sali leur première couche ! Foutaise, faribole, billevesée que tout cela ! Les enfants s’imprègnent de cette insécurité sociale qui frappe les familles. Le nombre de Français qui ne parviennent pas à boucler la fin du mois sans être à découvert a atteint 18%, parmi lesquels 6% craignent de basculer dans la précarité. 34% des personnes interrogées estiment que leur revenu leur permet tout juste de boucler leur budget. Elles sont 45% à déclarer avoir été sur le point de connaître la pauvreté au moins une fois dans leur vie.

Même le travail n’est plus une protection contre la pauvreté. La multiplication des contrats précaires, des statuts non-salariés, la baisse des pensions et la problématique des familles monoparentales sont autant de phénomènes qui nourrissent la paupérisation de la population française. Enfin, 8 Français sur 10 interrogés par le SPF estiment que leurs enfants ont plus de risques de devenir pauvres qu’eux. Bon, j’arrête là, ça suffit. Le sondage indique aussi que ces enfants inquiets n’ont pas envie de se résoudre à cette situation. Ils sont 90% à estimer qu’on pourrait en faire beaucoup plus pour les personnes pauvres et 82% d’entre eux souhaiteraient passer à l’action. Voilà une excellente nouvelle. Allez les Gavroche ! N’ayez pas plus peur de l’avenir !