Je débats, tu débats, il débat…

par ERIC BOCQUET
Publié le 18 janvier 2019 à 15:02

Ainsi donc Sa Majesté Macron Ier descend dans l’arène dans le département de l’Eure, dans la petite commune de Grand-Bourgtheroulde pour rencontrer les… non, pas les Gilets jaunes, mais 600 maires de Normandie.

Il ne s’agit pas ici de nier l’utilité essentielle des maires de France dans notre République, une position que nous défendons au quotidien dans notre action. Cette remarque pour dire que ce débat s’engage de curieuse manière.

Macron Ier entend la question posée par Pierre et il consent à répondre à Paul ! Curieux quand même. Les questions posées par les Gilets jaunes depuis le 17 novembre sur les ronds-points et ailleurs sont connues et claires. Certes, elles couvrent beaucoup de sujets mais sur les cahiers de doléances ouverts depuis plusieurs semaines, il est des questions qui dominent : justice sociale, justice fiscale, démocratie, appel à l’écoute et au respect. Curieusement, Sa Majesté répond à ces questions par des… questions, choisies par elle de surcroît !

J’ai bien lu la lettre. Sa Majesté nous dit « La France n’est pas un pays comme les autres ». Je suis d’accord là-dessus. Une étude récente montrait que notre pays était le plus antilibéral au monde. Évidemment, pour un grand commis de la finance, ça gêne… Le roi de France a aussi choisi les thèmes de discussion, il lie malicieusement fiscalité et dépense publique afin d’enfermer les gens dans ce choix faussé, en gros, si vous voulez des services publics il faut payer plus d’impôts.

Il annonce d’emblée pas de retour à l’ISF et pas question d’augmenter les salaires ni les retraites. Alors, débattons, mais sachez que : « Nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises pour corriger cela afin d’encourager l’investissement et faire que le travail paie davantage ».

Le même jour, sur France Inter, Richard Ferrand, président de l’Assemblée Nationale, déclare : « La théorie du ruissellement est une théorie que le gouvernement n’a jamais portée ». Ah bon, y aurait-il donc des problèmes de tuyauterie entre l’exécutif et le législatif ?

Au passage, Macron Ier profite de ce courrier pour surfer sur la vague antiparlementaire ; à aucun moment il n’évoque le nécessaire rééquilibrage entre les pouvoirs du Président monarque et le Parlement croupion qu’ils ont créé les uns et les autres.

Nous serons, dans le débat, lucides et déterminés pour imposer les thèmes de débat qu’il s’ingénie à évacuer. Là-dessus, un petit couplet sur l’immigration… vraiment, ça pue !