Le loup (de Wall Street) dans la bergerie

par ERIC BOCQUET
Publié le 10 mars 2023 à 14:11

Je ne sais, à l’heure où j’écris ces lignes, quelle sera l’ampleur exacte de la mobilisation du 7 mars, mais partout on la sentait monter, succès des réunions publiques et des marches aux flambeaux, entre autres. Le Sénat poursuit jusqu’à dimanche minuit l’examen du projet de loi sur la réforme des retraites. La gauche rassemblée dans sa diversité mène une bataille solide et déterminée, même si l’issue du vote au Sénat ne fait aucun doute car, dans l’hémicycle du palais du Luxembourg, nous avons assisté cette semaine à la fusion de toutes les droites. Ici, il n’y a plus ni majorité présidentielle ni majorité sénatoriale, la droite libérale est mobilisée pour casser notre modèle social et mettre fin à notre système de répartition. Pour étayer mon propos, je m’appuierai sur un fait très clair. Lors de la discussion de l’article liminaire, au début de la discussion, celui qui fixe le cadre budgétaire et financier du texte, un amendement a été déposé par le groupe Les Républicains du Sénat. J’en cite le dernier paragraphe : « C’est pourquoi il est urgent d’introduire une capitalisation collective. Cette épargne collective épaulera la répartition et donnera accès à tous les salariés de France aux rendements des marchés financiers, ce qui permettra de généraliser le partage des profits par le haut. » Je n’ai pas très bien compris cette notion de partage des profits par le haut... Ce doit être une nouvelle mouture du ruissellement... social, cette fois. Apparaît donc ainsi clairement la convergence fondamentale entre Macron et Les Républicains, l’ouverture progressive de notre système de retraite à la capitalisation. Les fonds de retraite, ce sont 352 milliards d’euros, les marchés financiers en bavent d’envie. Macron le fondé de pouvoir du capital fait le boulot. En face, le peuple entier doit se lever. Nous sommes bien dans un débat historique crucial !