Le magicien

par ERIC BOCQUET
Publié le 26 mai 2023 à 11:02

Chacun et chacune a ici en mémoire l’échange assez vif entre Macron 1 er et une infirmière lors d’une visite au CHU de Rouen, c’était en avril 2018. Cette dame réclamait des crédits supplémentaires pour l’hôpital public, en très grande souffrance depuis trop longtemps. Le roi lui répondit ceci : «  Madame, il n’y a pas d’argent magique. » Depuis, sa majesté semble avoir retrouvé son grimoire, ses formules et sa baguette. En effet, il ne se passe pas une journée sans qu’il fasse pleuvoir les milliards. La semaine dernière, l’annonce spectaculaire, c’était la baisse des impôts pour deux milliards d’euros en direction des classes moyennes, d’ici 2027... si les conditions budgétaires le permettent. Bon, soyez patients. Dans la même semaine, Elisabeth Borne demande à chacun de ses ministres de trouver 5 % d’économies dans chacune de leurs actions. Les deux annonces sont directement liées, bien sûr. Dans la mesure où le président de la République n’a pas l’argent qu’il dépense en refusant de taxer les superprofits, les dividendes, les fortunes et les patrimoines, il ne se donne pas les moyens de ses annonces. Un jour, une annonce, un milliard. On comprend bien la stratégie : au plus vite sortir de cette désastreuse séquence de la réforme des retraites. Ce gouvernement est donc bien responsable de l’aggravation du déficit chaque année, 150 milliards en 2023 (500 milliards de dépenses, 350 milliards de recettes). Il ne faut pas sortir de Polytechnique pour comprendre qu’en diminuant les recettes comme le fait la Macronie, le déficit se creuse... Où est le loup ? Au nom de la dette, on réduit la dépense publique, cette même dette dont se repaissent les marchés financiers privés. Nous tous leur paierons 51 milliards d’euros d’intérêts et réemprunterons 270 milliards. Comme disait la mère de Napoléon : « Pourvou qu’ça doure ! » Pour les marchés, en effet !