Le mot tabou

par ERIC BOCQUET
Publié le 18 novembre 2022 à 13:57 Mise à jour le 15 novembre 2022

Nous avons entamé ce jeudi 17 novembre l’examen du Projet de loi de Finances 2023. Il arrive au Sénat après l’application du 49.3 à l’Assemblée nationale. Dans les débats budgétaires, il est un mot qui a le don d’agacer les ministres macronistes, c’est celui d’austérité. Le gouvernement, en effet, se défend de faire de l’austérité, arguant que les dépenses publiques ne baissent pas. Pourtant cela y ressemble très fort, l’ampleur des économies envisagées est effectivement quasi inédite. Le collectif « Nos services publics » a publié une tribune dans Le Monde en octobre dernier qui indiquait : «  Le budget 2023 est le deuxième budget le plus austéritaire des 20 dernières années. Seul le budget 2018 "pré gilets jaunes" présentait une diminution du niveau des dépenses publiques.  » D’après un graphique figurant dans une annexe au Projet de loi de Finances, ce budget 2023 est d’un niveau équivalent au budget de 2008, et seuls ceux de 2011, 2014 et 2018 ont été plus restrictifs. Ce gouvernement ne veut surtout pas inquiéter ses amis en instaurant une nouvelle taxation sur les fortunes, les dividendes et les bénéfices. Il nous dit : «  L’ajustement sera entièrement porté par un effort structurel en dépense. » Qu’en termes galants ces choses-là sont dites ! Concrètement, le gouvernement compte brider la progression des dépenses chaque année jusqu’en 2027. La baisse des dépenses sera de 0,1 % en moyenne dans les prochaines années. Certes, certains commentateurs nous disent que la méthode est un peu moins brutale que sous Sarkozy (2007/2012). La même austérité s’appliquera aux dépenses de santé, le budget de la Sécurité sociale vient d’être débattu au Sénat, l’objectif de dépenses de l’assurance maladie, mis en place au milieu des années 1990, fixe la progression maximale des dépenses de santé. Là aussi, on cherche des économies, environ 4 milliards d’euros. N’y a-t-il pas de besoins en matière de santé ? Poser la question, c’est y répondre ! Non, surtout pas d’austérité !