Les hommes naissent libres et égaux...

par ERIC BOCQUET
Publié le 14 juin 2019 à 12:58

Ainsi s’ouvre l’article 1er de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Ils naissent libres et égaux en droits. Le combat est encore loin d’être gagné deux cent trente années plus tard.

L’Observatoire des inégalités vient de publier son rapport annuel, il est évidemment accablant pour cette société capitaliste rebaptisée libérale. Loin de nous l’idée de pleurnicher et de quémander, le constat que nous allons faire est un appel à la révolte et à l’action collective pour conquérir et garantir l’égalité de tous et toutes.
Inégalités des revenus d’abord. En moyenne, les 10 % des Français les plus aisés perçoivent des revenus 8,7 fois plus élevés que les 10 % les plus pauvres après impôts et prestations sociales. Notre pays est, après la Suisse, le pays d’Europe où les riches sont les plus riches.
Tout en haut de l’échelle, les revenus proviennent essentiellement du patrimoine, en fait, les 10 % les plus favorisés récupèrent 23,8 % de l’ensemble des revenus. En bas de l’échelle, cinq millions de personnes pauvres vivent avec moins de 855 euros par mois pour une personne seule. Gageons que les Gilets jaunes sont très nombreux parmi eux. C’est bien de ce côté-là que se trouve l’urgence sociale, M. Macron, et pas du côté des beaux quartiers pour lesquels vous avez supprimé l’impôt de solidarité sur la fortune.
L’égalité scolaire est elle aussi un combat essentiel. Une pensée fraternelle ici pour tous nos candidats bacheliers. Au cours élémentaire 2e année, les élèves de huit ans, les élèves les moins favorisés obtiennent une note moyenne de 57 sur 100 en français et de 58 en mathématiques, pendant que les 25 % issus des milieux les plus favorisés atteignent respectivement 87 et 85. Ces inégalités sociales s’aggravent au niveau de l’enseignement supérieur, les enfants de cadres supérieurs sont 2,9 fois plus nombreux que les enfants d’ouvriers parmi les étudiants. Ainsi, à l’école Polytechnique on trouve 66 % d’enfants de cadres supérieurs contre 1 % d’ouvriers. Ah ! ces gueux, être pauvre ne leur suffit pas, il leur faut aussi manquer d’intelligence.
Et au bout du bout, une autre question apparaît : l’écart d’espérance de vie atteint treize ans chez les hommes entre les 5 % les plus pauvres et les 5 % les plus riches. C’est cela que M. Macron a en tête quand il évoque les inégalités de destin... Or, le destin est-il prédéfini par une autorité supérieure, divine... ? Nous, nous croyons plutôt que les inégalités naissent et grandissent au cœur de notre société libérale qui en porte les germes dès la naissance des hommes.
Quel plus beau combat que celui de l’égalité et de la justice ?