Morne dimanche…

par ERIC BOCQUET
Publié le 25 avril 2022 à 16:07

Au bureau de vote dimanche, on a croisé beaucoup de monde, citoyennes et citoyens de Marquillies venus faire leur devoir civique. Ce qui frappe dans cette journée c’est une espèce de gravité résignée, on se connaît pour la plupart, quelques mots échangés avant de passer dans l’isoloir, discrètement bien sûr, pas d’esclandre, un regard, « je ne sais pas encore pour qui voter », « bon, allez, il faut y aller malgré tout… ». Un jour sans choix, un jour sans joie, un jour sans foi ! Il fallait bien éviter le pire, c’est fait tout en sachant que celui qui sera élu le soir va nous en faire voir de toutes les couleurs. Il nous promet des temps difficiles. Oui, difficile de soutenir le président qui va dérouler son programme libéral, poursuivre son travail méthodique de « révolution » de notre modèle social. Ici par « révolution », il faut entendre « casse ». Ce n’était pas non plus l’immense joie au Champ-de-Mars, au pied de la tour Eiffel, pour célébrer la réélection de Jupiter. En marche avait prévu un espace pour accueillir 90 000 personnes, ils étaient quelques centaines autour du podium immaculé où se tenait le président. Il y avait quand même de la qualité parmi l’assistance, des personnalités en quête de maroquins peut-être. On aperçoit les visages d’Élisabeth Guigou, une ancienne de la Mitterrandie, Marisol Touraine, une ancienne de la Hollandie. « Ne nous oublie pas, Manu, nous t’avons soutenu pendant la campagne… » On ne sait jamais, un nouveau gouvernement va être constitué dans les prochains jours… Et pendant ce temps-là, au terme de cette morne campagne, une nouvelle est passée quasiment inaperçue, ou tout au moins n’a pas fait grand bruit dans le microcosme médiatique. La rémunération des patrons du CAC 40 est passée entre 2020 et 2021 de 4,5 millions d’euros à 8,7 millions. Ceci s’explique par la flambée des primes exceptionnelles, plus de 3 millions en moyenne, soit une multiplication par 14 en un an ! Nous en sommes même arrivés à 60 % de plus que le niveau d’avant crise. Sinon, côté Smic, après la hausse de 2,2 % en octobre dernier, le 1er mai, jour de la fête des Travailleurs, il connaîtra une hausse « spectaculaire » de 2,65 %. Au premier tour de la présidentielle, je me rappelle qu’il y avait un certain candidat dont le programme était celui des Jours heureux. Non, hier, ce n’était pas la joie !