Petite leçon d’oligarchie

par ERIC BOCQUET
Publié le 12 juillet 2019 à 16:46

Qu’est-ce que c’est que ce machin ? Le mot apparaît souvent dans le débat public depuis quelques années. Bizarrement, je ne sais pas pourquoi, le mot oligarque est associe àl’adjectif « russe », propriétaire de yachts somptueux ou encore de clubs de football très prestigieux.

Consultation d’un dictionnaire de la langue française, le Robert pour ne pas le nommer, selon cette étrange formule de notre belle langue de Molière, voici comment est défini le terme oligarchie : « Régime politique dans lequel la souveraineté appartient à un petit groupe de personnes, à quelques familles, à une classe restreinte et privilégiée. Par analogie : élite puissante, par exemple une oligarchie d’hommes d’affaires, de hauts fonctionnaires. » Fin de la définition.

Eh bien, cette situation nous l’avons touchée du doigt à l’occasion de la réunion de la commission des finances du Sénat la semaine dernière. Il y avait, ce mercredi-là, au menu, l’audition de la candidate aux fonctions de PDG de la FDJ, la Française des Jeux. La personne en question s’appelle Madame Stéphane Pallez (oui une dame), PDG sortante reconduite sur proposition de Jupiter en son palais de l’Elysée. Comme la procédure est « démocratique », les deux commissions des finances du Parlement auditionnent l’intéressée et émettent un vote. L’on nous communique son CV, il est édifiant. Sortie de l’ENA en 1984, Madame Pallez a occupé vingt-huit fonctions jusqu’à aujourd’hui. Haut fonctionnaire de Bercy, finances, budget pour la partie publique... passage à France Télécom, CNP assurances, Crédit Agricole, administratrice pour l’État de GDF-Suez devenue Engie en 2015.

Le même CV indique, en préambule, ceci :« Fille de M. Gabriel Pallez, inspecteur général des Finances publiques et président d’honneur du Crédit commercial de France (je viens de comprendre enfin le sens du « en même temps » macronien), sœur de M. Christophe Pallez, secrétaire général de la Questure de l’Assemblée nationale, et enfin, mariée à François Auque, Cour des comptes et président de François Auque Consulting »... Du beau linge à l’évidence ! Un cas d’école qui devrait passionner nos amis sociologues Monique et Michel Pinçon-Charlot.

Mais au bout de l’audition, après une petite recherche sur Internet, on comprend les raisons du choix présidentiel, Madame Pallez a piloté, en son temps, les privatisations de Air France, Thomson et le GAN. C’est bien pour ses compétences qu’elle a été choisie. Décidément, ce nouveau monde jupitérien fleure tellement bon l’Ancien Régime... Ce n’est plus du Macron, c’est du Bourbon. Pour notre part, nous n’avons pas pris part au vote.