Planète finance

par ERIC BOCQUET
Publié le 7 avril 2023 à 12:43

Nous avons tous les yeux tournés en ce moment vers la belle bataille des retraites et c’est bien logique, tant les enjeux de ce combat sont fondamentaux. C’est sans doute pour cette raison qu’un autre événement est passé quasiment inaperçu ces derniers temps. Il s’agit de la faillite d’une petite banque américaine de Californie, la Silicon Valley Bank. Quand je dis petite banque, tout est relatif : elle représentait 212 milliards de dollars d’actifs, ce qui n’est quand même pas rien. Le problème aujourd’hui dans ce système financiarisé, mondialisé, dérégulé, c’est que toutes les banques sont « interconnectées », et, par conséquent, les difficultés de l’une d’entre elles peuvent entraîner la chute de beaucoup d’autres. Tout s’emballe quand la confiance des clients disparaît et que ceux-ci veulent légitimement récupérer leurs avoirs. Même les banques européennes ont été secouées par cette crise le mercredi 15 mars dernier. Le Crédit Suisse d’abord, deuxième banque du pays, absorbé en quelques heures par le numéro un, UBS. En France, dans cette tourmente, les cours de la BNP Paribas chutaient de 10,11 % (bilan de la banque, numéro un européen, 2 000 milliards d’euros) un client sérieux, et ceux de la Société générale de 12,18 %. Tout ceci montre bien que le système financier mondial est un colosse aux pieds d’argile. Explication : depuis la crise financière de 2008, les règles du jeu n’ont pas réellement été modifiées, et, par ailleurs, depuis une quinzaine d’années, les banques centrales ont injecté des quantités d’argent sans précédent sur les marchés financiers et dans les systèmes bancaires. L’économie de la finance est un gigantesque casino qui joue sous l’œil bienveillant des États. En cas de crise financière dans ce système libéral, les États font le choix de soutenir les acteurs coûte que coûte pour éviter l’effondrement. Ils appellent ça l’aléa moral. Et c’est nous tous qui payons !