On a assisté en cette rentrée à une véritable campagne orchestrée contre les prétendues mauvaises utilisations de l’allocation de rentrée scolaire par les familles. L’affaire débute le 22 août avec une députée MoDem qui propose de transformer le versement de l’allocation de rentrée scolaire (environ 400 euros) « en contremarque, sur le modèle des chèques-restaurant, utilisables pour les achats nécessaires à la scolarité », ceci dans le but de contrôler leur utilisation. Le 26 août, le ministre de l’Éducation nationale trouve « l’idée intéressante et mérite d’être étudiée » ! On s’étrangle d’indignation. Mais l’escalade se poursuit avec le président de la République qui déclare à ce sujet lors de son très médiatique déplacement marseillais : « Nous serions aveugles ou naïfs de penser que la totalité de ce que chaque ménage touche en allocation de rentrée scolaire est reversée pour acheter des fournitures ou les livres des enfants. » Là, c’est la nausée. Ce n’est pas du niveau d’un président de la République ! Il n’en est pas à son coup d’essai, souvenez-vous du « pognon de dingue ». Un ancien collègue et ami du Sénat, Pierre-Yves Collombat, sénateur du Var à l’époque rattaché à notre groupe CRCE, avait eu cette formule à propos du style d’Emmanuel Macron qu’il qualifiait fort pertinemment de « populisme chic ». C’était très bien vu. Je me permets cet emprunt pour titrer ce billet. Jupiter est en campagne, immigration avec les « flux migratoires irréguliers importants », le sécuritaire à fond, notre République est maltraitée, bafouée par ce comportement. Je me suis replongé dans une enquête réalisée par le Secours populaire du Nord en fin d’année dernière afin d’évaluer les conséquences sociales de la pandémie dans notre région. Il y a ce témoignage saisissant de Carole de Méricourt qui vit avec ses 630 euros de RSA pour élever son fils adolescent, plus les 80 euros de pension alimentaire de son ex-mari. Elle dit : « Avant, mon fils et moi allions à la friterie une fois par mois, c’était notre petit plaisir. » Sans commentaire. Deux études de 2002 et 2013 de la Caisse d’allocations familiales ont toujours démenti cette accusation de mauvaise utilisation de l’allocation de rentrée, aucun chiffre ne conforte les propos du président et de son ministre. Les mois d’août et de septembre sont les deux mois de l’année où le moins de téléviseurs sont achetés ! Vos propos vous disqualifient ! Jean Castex et Olivier Véran ont eu beau s’échiner comme de beaux diables pour tenter de redresser la barre, ils ont ramé les pauvres ! Le mal est fait, le vernis a craqué. « Ma France, heureuse, solidaire et digne », c’est le titre du livre de Fabien Roussel. Oui, digne…