Quand la dette s’annule !

par ERIC BOCQUET
Publié le 23 avril 2021 à 11:38

Les ministres de Bercy ont été auditionnés ces derniers temps par les commissions des Finances de l’Assemblée nationale et du Sénat. Évidemment, bien que nous soyons au printemps (même si les températures actuelles pourraient nous en faire douter), il ne fut pas question de jardinage et de bricolage, nous avons, bien sûr, parlé chiffres. La pandémie ayant toujours cours, on a parlé facture, le gouvernement estime que, de façon cumulée sur les années 2020-2022, « la mobilisation de nos finances publiques pour répondre à la crise sanitaire aura représenté près de 425 milliards d’euros ». Les ministres ont aussi rappelé qu’il était hors de question de « faire payer les riches » et donc, mécaniquement, ce sont tous les autres qui vont payer. Certes, les mots sont choisis, on évite soigneusement les mots qui fâchent comme austérité ou réduction drastique de la dépense publique, les communicants bercyens ont la plume alerte et le verbe doucereux. Voilà ce qui nous est dit : « Il s’agit de contenir à 0,7 % en volume la hausse des dépenses publiques d’ici à 2027, un rythme deux fois inférieur à celui de la dernière décennie. » Franchement, utiliser le mot « hausse » dans une phrase qui nous explique que l’on va diminuer la dépense publique, chapeau Bercy ! Trop fort ! Dans les mesures prises l’an dernier pour soutenir l’économie, il y eut celle des prêts garantis par l’État (les PGE), un plafond de 300 milliards a été fixé au budget. À ce jour ce sont 135 milliards qui ont été accordés à 668 000 entreprises. La garantie de l’État s’organise ainsi : 90 % garantis pour les entreprises d’au moins 5 000 salariés et chiffre d’affaires inférieur à 1,5 milliard, 80 % pour celles dont le chiffre d’affaires est compris entre 1,5 et 5 milliards, et enfin, 70 % pour toutes les autres. Si, malheureusement, certaines entreprises venaient à disparaître (ce que personne ne souhaite), l’État devrait rembourser les milliards disparus. Bruno Le Maire anticipe et a déclaré : « On ne va pas attendre que l’entreprise se prenne le mur. On va regarder la situation… voir s’il faut étaler la dette, voire annuler sa dette en partie. » Ça alors ! Et pour la dette de l’État, M. le Ministre, ça s’applique aussi ?