Quelque chose me dit…

par ERIC BOCQUET
Publié le 28 décembre 2018 à 11:23 Mise à jour le 10 janvier 2019

Dernière séance dans l’hémicycle au Sénat le vendredi 21 décembre afin d’examiner les mesures dites d’urgence économique et sociale annoncées par le Président Macron le 10 décembre.

Étape législative au Parlement, nouvelle étape de la crise sociale profonde qui secoue la France depuis le 17 novembre. Je dis bien « nouvelle étape » et surtout pas étape finale car quelque chose me dit que rien n’est réglé et que tout pourrait bien repartir après les fêtes de fin d’année.

Il nous faut d’abord retenir fondamentalement qu’au-delà des manœuvres et bricolages divers, le mouvement des Gilets jaunes a fait la preuve que ce qui était considéré comme impossible la veille du premier samedi d’action est devenu possible dans la bouche de M. Macron le 10 décembre. Pas d’augmentation du SMIC, pas de déficit supérieur à 3 %, Bruxelles oblige… Tout cela a volé en éclats face à la détermination du mouvement social.

Les quelques mesures lâchées sous la contrainte sont à mettre à l’actif non pas de ce gouvernement mais du mouvement des Gilets jaunes ! Et ça, ça n’est pas rien pour tous les ayatollahs du « Il n’y a pas d’alternative », « la France vit au-dessus de ses moyens », « On ne peut pas distribuer la richesse que l’on n’a pas » et autres couplets ressassés à l’envi depuis plus de 30 ans.

Au lendemain de cette dernière séance au Sénat, distribution des colis de Noël aux « anciens » de Marquillies, les habitants âgés de plus de 65 ans au village. Près de 150 foyers visités, accueil chaleureux, les conversations s’engagent. Un témoignage m’a particulièrement frappé qui me confirme que rien n’est réglé au plan social. Un couple de retraités, la dame me dit « moi je suis gilet jaune » et elle raconte sa situation. « Nous aidons nos enfants, je perçois une retraite de 700 euros, la hausse de la CSG m’a coûté l’an dernier 600 euros… ». Elle poursuit, « en plus, M. Macron montre trop souvent du mépris à l’égard des gens… Il doit abdiquer ». Je ne sais pas si l’emploi de ce verbe était volontaire. Quoi qu’il en soit, il témoigne de la perception qu’ont les gens de ce président : seuls les rois abdiquent, un président démissionne. Ce gouvernement n’est pas revenu sur la limitation de la hausse des retraites à 0,3 %, il a provisoirement annulé la hausse de la CSG, n’a pas touché à l’ISF, aux dividendes, au CICE… Les inégalités et les injustices vont perdurer.

Oui, quelque chose me dit qu’il y a toujours un besoin de changement dans l’air. Débattons-en partout, rassemblons-nous pour faire grandir et nourrir l’idée d’un vrai changement de société.