Technocratie... démocratie ?

par ERIC BOCQUET
Publié le 13 novembre 2020 à 10:10

On entend régulièrement dans les débats des gens mettre en cause la technocratie, les technocrates, les technos...

En cherchant dans le Grand Robert (cher au regretté Alain Rey) la définition du mot technocratie, on lit ceci : « Exercice, dans le domaine de l’économie, de l’industrie et du commerce, à l’échelon de l’État ou de la grande entreprise, du pouvoir d’organisation et de décision, le plus généralement par un petit groupe d’hommes de formation technique acceptant la discipline hiérarchique et généralement placés sous l’autorité d’un chef. » Mais la technocratie, dans le travail parlementaire, on la rencontre, on l’entend et on l’auditionne régulièrement.

Ainsi, cette année, dans le cadre de la préparation d’un rapport à présenter à la commission des Finances du Sénat, j’ai eu l’occasion d’avoir un échange avec la directrice des finances, des achats et des services au sein du Secrétariat général des ministères chargés des Affaires sociales. Aucun jugement de ma part sur la personnalité et les compétences de cette personne, le sujet n’est pas là. Non mais simplement elle incarne à merveille la définition de la technocrate.

J’ai souhaité ici faire part de certains propos tenus. À l’évidence, la technocrate n’emploie pas les mêmes mots que le commun des mortels, elle ne parle pas la même langue. Une terre inconnue, un autre monde... Voyons plutôt  : « Les ARS (Agences régionales de santé) ont implémenté (sans doute du mot anglais « implement », installer, mettre en œuvre) une nouvelle organisation... Il fallait, dit-elle, renforcer la résilience des systèmes informatiques ». Elle nous parle ensuite « d’éléments structurants » et de « nouvelles mesures de périmètre » (certes, les contenus ... « Il faut dégager de meilleures synergies tout en tenant, en s’adaptant à l’attribution des moyens... »

En gros, en langage trivial, c’est pas beaucoup mais tu fais avec ! Dix minutes plus tard... « Il faut considérer en année pleine un schéma d’emploi... et nous veillons à une répartition homothétique des moyens financiers et humains. » Après quelques années de pratique, on finit par s’habituer un peu mais on comprend de toute façon que la technocratie est là pour mettre en musique les choix gouvernementaux, au-delà des alternances d’ailleurs. Objectif, réduire la dépense publique, point final !