Union européenne, une feuille de route

par ERIC BOCQUET
Publié le 6 janvier 2022 à 17:17

Pour la première fois depuis 14 ans, la France a pris la présidence du Conseil de l’Union européenne à compter du 1er janvier 2022. Nous nous permettons de formuler ici, dans ce petit billet, quelques pistes de travail pour le président Jupiter Macron pour le semestre à venir. Dès le 1er janvier, il conviendra de réunir tous les chefs d’État des 27 pays membres afin de mettre au point des critères objectifs visant à définir les paradis fiscaux : fiscalité, transparence et coopération. Nous pourrons ainsi établir une liste crédible des paradis fiscaux au sein de l’Union européenne - le Luxembourg, Malte, Chypre, les Pays-Bas, l’Irlande notamment. Voilà une première urgence pour trouver les crédits nécessaires à la transition écologique ; et enfin, on engage le chantier de l’harmonisation fiscale. Ensuite, il nous faut harmoniser le social, depuis le grand élargissement de l’Union européenne aux pays de l’est européen, les écarts de salaires sont passés de un à sept, 332 euros mensuels brut en Bulgarie jusqu’à 2 202 euros brut au Luxembourg. Dumping fiscal, dumping social. Il conviendra de revoir complètement la directive « travailleurs détachés » qui autorise l’emploi de salariés européens dans n’importe quel État membre de l’Union européenne, rémunérés au salaire du pays d’accueil, mais le versement des cotisations sociales est effectué dans le pays d’origine, et là encore les écarts sont assez saisissants. Voilà une des causes essentielles du dumping social au sien de l’Union européenne. Un troisième chantier est à ouvrir, c’est celui de la politique d’accueil des migrants au sein de l’Union. Nous avons tous en tête ces drames humains en Méditerranée ou en mer du Nord, la honte de ces murailles de barbelés à Calais, l’infamie à la frontière entre la Pologne et le Bélarus, la politique migratoire de l’Europe est indigne des valeurs qu’elle est censée incarner. Plutôt que de vendre des armes à des États douteux, il vaudrait mieux contribuer au développement et à la paix au Moyen-Orient, en Afghanistan ou ailleurs en Afrique. Comment s’étonner dès lors que cette construction européenne ne fasse pas rêver mais engendre au contraire crainte et repli nationaliste. La France doit jouer un rôle moteur dans cette complète réorientation d’un projet européen humaniste, solidaire, progressiste. Chiche, Monsieur Macron.