Y’a d’la joie...

par ERIC BOCQUET
Publié le 27 décembre 2019 à 10:44

Foin de la sinistrose, arrêtez donc de faire la tête, faites la fête, réjouissons-nous bon sang ! Jouez hautbois, résonnez musettes, Alléluia ! Finis les « burn out » et antidépresseurs, jetez par-dessus bord Lexomil, Temesta et autre Prozac ...

Dites donc, il n’aurait pas un peu fumé la moquette notre chroniqueur ? Eh bien non, pour ce dernier billet de l’année, j’ai souhaité terminer 2019 en fanfare avec un feu d’artifice. « Peste soit de l’avarice et des avaricieux », des grincheux et des grincheuses. Ducasse, carnaval, bacchanale, allons-y tous ensemble. Mais enfin, que s’est-il passé qui justifierait de tels débordements d’allégresse ?

Je peux vous l’annoncer, les ami·e·s, je peux même vous le claironner : « Le CAC 40 au-dessus des 6 000 points pour la première fois depuis 2007. » Tel était, le mardi 17 décembre, jour de la grande mobilisation contre la réforme des retraites, le titre ronflant du quotidien Les Echos . Comme quoi, dans le monde du business, on ne se laisse jamais aller aux états d’âmes et on ne perd jamais de vue les fondamentaux quand il s’agit d’argent.

Laissons-nous porter par la vague déferlante du quotidien préféré de Bernard Arnault, lisons ce que l’on nous raconte : « La bourse de Paris nage en pleine euphorie... à moins d’un improbable krach de dernière minute, 2019 devrait s’inscrire comme la meilleure année boursière depuis 20 ans. Le CAC 40 a engrangé plus de 26 % depuis janvier, une performance remarquable. » Vous en voulez encore... en voici : « En prenant en compte les dividendes, le CAC 40 est 50 % au-dessus de son niveau de 2007. » Le phénomène est mondial.

Toutes les grandes places des pays développés volent de record en record. Depuis fin octobre ou début novembre, les grands indices boursiers américains touchent quasi chaque jour de nouveaux sommets historiques. Allez, une dernière pour la route, je ne peux y résister davantage. À la question : « Comment se présente 2020 ? » cet économiste répond : « 2019 n’a pas été une année de récession et 2020 ne le sera probablement pas non plus, du moins au premier semestre. » On comprend, dès lors, qu’il vaut mieux mettre à l’index ces « méchants » privilégiés des régimes spéciaux de retraites, SNCF, RATP, du fait de leur égoïsme, ils vont endetter volontairement leurs petits- enfants et prendre en otages les Français, etc. Non, franchement je vous le dis, y’a d’la joie chez les capitalistes. Bonnes fêtes à tous.