Pour sécuriser la naissance, la réglementation prévoit un seuil de 300 accouchements par an au-dessous duquel une maternité serait dangereuse. Pour garantir leur efficience, de nombreux établissements de proximité ont fusionné. En 20 ans, la moitié des maternités a fermé laissant parfois place à de véritables usines à bébés. À Lille, la maternité Jeanne-de-Flandre enregistre plus de 5 000 naissances chaque année. Certaines maternités privées s’estimant « non rentables » décident de fermer leurs portes, transférant de fait leur activité sur le secteur public déjà sous tension. À l’issue d’un Comité social économique extraordinaire, la maternité de la Côte d’Opale de Boulogne-sur-Mer est fermée pour une durée non déterminée, laissant 800 femmes enceintes dans l’incertitude. En milieu rural, de nombreuses femmes donnent déjà la vie sur les routes. Alors qu’une femme sur dix réside à plus de 30 minutes d’une maternité, la question de la programmation des accouchements par convenance d’agendas se pose. 23 % des accouchements sont déclenchés, alors qu’« aucun territoire ne devrait en enregistrer plus de 10 % » selon l’Organisation mondiale de la santé. La provocation artificielle de l’accouchement pour raison médicale n’est pas un acte anodin. Les contractions sont plus douloureuses et le risque d’hémorragie est multiplié par deux. La stimulation excessive de l’utérus peut altérer l’oxygénation du bébé et générer une infirmité. Selon une enquête récente du Collectif interassociatif « Autour de la naissance » (Ciane), plus de quatre femmes sur dix déclarent avoir subi un déclenchement sans avoir été correctement informées des indications et des risques de la procédure. Ce souvenir difficile de l’accouchement favoriserait, selon les études, les dépressions de la jeune maman. Les politiques austéritaires malmènent les femmes jusque dans leurs corps et leur droit à établir leur projet de naissance. À quand les césariennes à la queue leu leu ?
La chronique santé du Dr Lydie Lymer À plus, dans l’bus !
