Au feu les pompiers, la maison elle brûle !

par Lydie LYMER
Publié le 23 décembre 2021 à 19:07

Quand il y a un incendie, on appelle les pompiers. Mais les « soldats du feu » remplissent bien d’autres missions. 80 % de l’activité concerne le secours à personnes. Ils ont en charge les plans d’urgence impliquant de nombreuses victimes (attentats, catastrophes naturelles), les risques industriels et chimiques. En 2019, on enregistrait une intervention toutes les 6,5 secondes. Sur les 250 000 sapeurs-pompiers, 80 % sont volontaires. Notre protection civile repose sur l’engagement altruiste d’actifs, et les casernes peinent à remplir leurs véhicules, notamment la journée. La loi MATRAS adoptée en novembre vise à « renforcer le volontariat ». Le seuil pour bénéficier de la Prestation de fidélisation et de reconnaissance (PFR) baisse de 20 à 15 ans de service. La PFR prévoit une rente versée à partir de l’âge de 55 ans, variant de 800 à 1 800 euros par an selon la durée d’engagement. La durée moyenne d’engagement est de 11 ans en raison des contraintes familiales et professionnelles. Cette mesure est-elle utile ? La loi n’aborde pas le problème de fond : le sous-effectif chronique des pompiers professionnels. Fonctionnaires territoriaux, ils gagnent 1 500 à 4 460 euros bruts par mois selon leur grade et leur échelon. Le volontaire assume les mêmes missions. Il est indemnisé à l’intervention, 7,80 euros à 11,80 euros de l’heure selon son grade. L’astreinte, qui n’est pas considérée comme du temps de travail, n’empêche pas d’enchaîner sur une journée de boulot. Les employeurs de sapeurs-pompiers volontaires (SPV) bénéficieront d’un crédit d’impôt mécénat allant jusqu’à 20 000 euros par an, sans garantie qu’ils libèrent les hommes en journée. Un patron mettra-t-il à l’arrêt une chaîne de production pour envoyer les sapeurs en intervention ? Des gestes techniques relevant de l’urgence médicale sont confiés aux volontaires, formés par leur service médical. L’État, qui ferme des lignes Smur financées par l’Assurance maladie, cherche-t-il à leur substituer les pompiers rémunérés à moindre coût par les collectivités ? Le diable se cache dans les détails. Emmanuel Macron a applaudi cette loi et assuré qu’il prendra le plus vite possible les décrets d’application. Dans une République en marche arrière, tout est à craindre.