Lors de l’examen des mesures sur le pouvoir d’achat, Bruno Le Maire a promis à l’hôpital une « compensation intégrale » de la hausse du point d’indice des fonctionnaires. Gelé depuis 2017, il est enfin revalorisé à 3.5 %, c’est pas dommage. Mais cette majoration reste en deçà de l’inflation qui rappe aussi de plein fouet des hôpitaux déjà fragilisés. Les factures dans les secteurs du bio-nettoyage et de l’élimination des déchets flambent. L’explosion du coût des matières premières se traduit par « des hausses moyennes de 15 à 25 % dans les réponses aux appels d’offre », selon la Fédération Hospitalière de France. L’augmentation des prix des denrées alimentaires se répercute dans l’assiette des patients comme dans celle des ménages. Sans parler de l’énergie ! Tout à l’hôpital est électrique, de l’ordinateur aux appareils de télé-surveillance en passant par le lit médicalisé. Le prix des blouses à usage unique a doublé, ainsi que les dispositifs médicaux comme les agrafes en acier. Même le sang que vous donnez est facturé 200€ la poche après conditionnement, sécurisation et transport. L’inflation menace l’accès à certaines technologies indispensables pour la prise en charge des malades. D’autant que les établissements n’ont pas droit au bouclier tarifaire. C’est d’une rallonge de plus de 2,9 milliards d’euros dont les hôpitaux ont besoin pour boucler le budget 2022. L’équivalent du salaire de 50 000 soignants sur un an, ou de deux millions de journées d’hospitalisation. La crise hospitalière atteint un tel paroxysme que la Confédération des Praticiens des Hôpitaux redoute « un risque de cataclysme sanitaire ». Tous les voyants sont au rouge : fermetures de services d’urgences, pénurie de lits et de personnels. Le système de santé tient grâce à l’engagement de professionnels épuisés, plongés dans un sentiment d’impuissance. Quel sens ont leurs métiers face à des maladies dont les causes profondes, comme les bouleversements écologiques, ne sont pas combattues ? Le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale sera examiné cet automne. Hors de question d’économiser des bouts de chandelle sur le dos d’une Sécurité Sociale dont nous aurons besoin pour affronter les défis à venir !
La chronique santé du Dr Lydie Lymer À plus, dans l’bus !
