Fallait pas m’virer, tu vois… Il est beau le résultat...

par Lydie LYMER
Publié le 6 mai 2022 à 11:05 Mise à jour le 4 mai 2022

Alors qu’ils étaient prioritaires pour la vaccination contre le Covid, seul un tiers des soignants étaient vaccinés en mars 2021. Héros hier, les non-vaccinés ont été désignés comme des boucs émissaires, entretenant l’épidémie, par un gouvernement incapable de gérer de façon compréhensible la crise sanitaire. Beaucoup ont cédé devant l’obligation vaccinale entrée en vigueur le 15 septembre 2021, pour garder leur boulot. Pour d’autres, stressés, épuisés, pressurisés, rappelés sur leurs temps de repos, ça a été la goutte d’eau. Je travaillais dans un hôpital où quinze personnes ont été suspendues. Guillaume est parti faire les vendanges. Laurent s’est reconverti dans la mécanique automobile, sa seconde passion. Vincent a facilement trouvé un job dans le bâtiment, qui recrutait. Nelly est vendeuse en boulangerie. Sur RTL le 16 septembre, Olivier Véran a voulu démontrer que ces suspensions n’entraveraient pas le fonctionnement du système de santé : « Il y a eu hier quelque 3 000 suspensions signifiées à des personnels qui n’étaient pas encore entrés dans un parcours de vaccination. » Un sursis était accordé aux professionnels recevant une dose avant le 15 octobre. Au total, selon la DGOS [1], seuls 1 245 soignants auraient été suspendus. En déplacement en Haute-Garonne quelques jours après sa réélection, Emmanuel Macron a évoqué la possible réintégration des 15 000 soignants suspendus. 15 000 ? Comme le dénonçaient les syndicats ? En pleine crise sanitaire et de recrutement, le gouvernement aurait donc choisi de se priver des compétences de 15 000 soignants, qui pourraient aujourd’hui bénéficier d’une amnistie présidentielle ? C’est oublier qu’après avoir méprisé les soignants dans une parodie de Ségur, après avoir affirmé avoir « très envie de les emmerder », les non-vaccinés, Emmanuel Macron, qui prône le respect, a été jusqu’à les qualifier d’irresponsables, précisant qu’« un irresponsable n’est plus un citoyen ». Alors que les conditions de travail sont dégradées, ces soignants victimes d’une chasse aux sorcières auront-ils envie de passer l’éponge et de revenir sur les bancs des galériens ? C’est pas gagné. Moi, je sais que Guillaume, Laurent, Vincent et Nelly ne reviendront pas.

Notes :

[1DGOS : Direction générale de l’Offre de soins.