Gênes et rations : écho logique

par Lydie LYMER
Publié le 14 avril 2022 à 20:59

Le dernier rapport alarmiste du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) rendu public le 4 avril dernier est particulièrement effrayant : il reste trois ans à l’humanité pour inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre, sinon le monde d’après sera invivable. Chaque catastrophe écologique, chaque image de désolation, d’inondations ou d’incendies ravageurs, chaque conclusion d’une conférence internationale sur le climat (COP) rarement suivie de mesures concrètes entraîne une hausse des consultations chez les psychologues. 90 % des Français s’inquiètent des conséquences de la crise climatique sur leur santé. Et la perspective d’un avenir pessimiste provoque chez chaque individu tristesse, colère, peur et sentiment d’impuissance. Cette accumulation d’angoisse génère un nouveau mal baptisé « éco-anxiété ». Si toutes les catégories d’âge sont concernées, ce phénomène touche particulièrement les plus jeunes générations, de 16 à 25 ans, témoins des changements climatiques. Le sentiment d’insécurité tant économique qu’écologique se conjugue mal avec des projets à long terme, comme celui d’avoir un enfant. Lilas, 15 ans, est catégorique : « Avoir un enfant aujourd’hui est irresponsable. Pour moi, adopter sera ma façon de réparer une éventuelle erreur de quelqu’un d’autre. » Comme Lilas, 40 % des jeunes occidentaux hésitent ou refusent de procréer. Ils ne veulent pas mettre au monde des enfants sur une planète surpeuplée, polluée, dévastée, dont les ressources en eau potable et en alimentation ne sont pas illimitées. Pour 73 % des femmes, avoir un enfant pose un cas de conscience. Et le fait est qu’en France, la natalité n’a jamais été aussi basse qu’en 1975. En janvier 2021, l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) enregistrait une baisse des naissances de 13 %. Les bébés du confinement auxquels on s’attendait n’ont pas pointé le bout du nez. Si le poète a toujours raison et que la Femme est l’avenir de l’Homme, l’Homme sera-t-il bientôt une espèce en voie de disparition ?

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