Dénonçant des conditions de travail inacceptables et de trop grandes responsabilités alors qu’ils ne sont encore qu’étudiants, les internes étaient en grève le 28 avril. Les internes représentent près de 40 % du personnel médical des hôpitaux. Le plafonnement des tarifs pour les médecins intérimaires aggrave la crise de recrutement et entraîne depuis un mois des fermetures totales ou partielles de services dans des dizaines d’hôpitaux publics. Alors on compte sur les ressources internes : les carabins. Leur temps de travail dépasse allègrement les 48 heures autorisées par la réglementation européenne. Les internes travaillent en moyenne entre 70 et 90 heures par semaine. Pour un salaire net de 6 euros de l’heure. À ce tarif là, ce n’est plus une rémunération, c’est de l’exploitation. Et un sacré coup porté à leurs facultés de concentration comme à leur capacité d’empathie. Au bout de la chaîne, c’est la qualité des soins qui est directement impactée. Mal encadrés, les internes sont bons à tout faire. Mais en cas de pépin, on leur dira qu’ils ne sont bons à rien. Victimes de surmenage, 66 % des internes sont en burnout. Un interne se suicide environ tous les 18 jours. Et 15 % d’entre eux abandonnent leurs études. Les internes demandent un décompte strict de leur temps de travail, une revalorisation salariale, une indemnité logement indexée sur le prix des loyers et le report de la dixième année d’études qui sert plus à combler les trous des plannings qu’à parfaire leur formation. Dans une tentative d’apaisement des tensions engendrées par sa réforme des retraites, Emmanuel Macron promet que tous les patients souffrant d’une maladie chronique et n’étant pas suivis par un praticien attitré se « verront proposer un médecin traitant avant la fin de l’année ». Il devrait donc porter une attention tout particulière aux revendications légitimes des internes aujourd’hui. Ils sont les médecins de demain.