L’apartheid vaccinal risque de prolonger la pandémie

par Lydie LYMER
Publié le 10 septembre 2021 à 10:41 Mise à jour le 1er octobre 2021

Fin avril 2020, face à l’épidémie de Covid-19, l’Organisation mondiale de la santé a lancé le programme Covax pour soutenir la recherche et la fabrication de candidats vaccins, tout en négociant leurs prix. Il s’agissait d’un effort sincère pour garantir à tous les pays, quels que soient leurs revenus, l’accès équitable à des vaccins sûrs et efficaces, et éviter l’envolée des prix quand l’offre était bien inférieure à la demande.
 Cet effort collectif, en partenariat avec des associations à but non lucratif, n’a malheureusement pas survécu au productivisme mondial et à la loi du marché.
 La poignée de pays les plus riches, dont la France, a contourné ce dispositif et négocié directement auprès des laboratoires, afin de sécuriser leurs commandes, sans tenir compte des priorités recommandées par l’OMS en matière de stratégie vaccinale, générant un apartheid vaccinal et un monde à deux vitesses.
 À ce jour, selon l’OMS, sur 4,7 milliards de doses injectées à travers le monde, 1,30 % l’ont été dans les pays les plus pauvres où une personne sur 75 a accès au vaccin pendant que plus d’un Français sur deux a reçu une première dose.
 Selon l’Unicef, dans les pays d’Asie centrale, du Proche Orient ou de l’Afrique subsaharienne, moins de 5 % de la population est vaccinée. Il est urgent de vacciner l’ensemble de la population mondiale : selon les experts, plus le virus circule, plus il menace les vaccinés des pays riches par l’émergence de nouveaux variants. 
Et les dons de surplus de vaccins affluent !
La France, qui s’est dotée de 273 % des doses qui lui sont nécessaires, vient d’en envoyer dix millions à l’Union africaine. Mais Emmanuel Macron est loin d’être le leader de la solidarité internationale qu’il prétend être, alors qu’il a contribué à transformer un programme destiné à lutter efficacement contre une pandémie mondiale en un dispositif d’aide aux plus pauvres.