L’un des sens

par Lydie LYMER
Publié le 13 janvier 2023 à 10:09

Le 6 janvier, Emmanuel Macron présentait ses vœux aux acteurs de santé. Et le sens de sa politique de santé. Des « chantiers titanesques » vont être réalisés pour garantir l’accès aux soins. Les chantiers, c’est pas ce qui manque. Ruptures de stock de médicaments. Services d’urgences saturés faute de lits d’aval. Et pour cause : 4 300 lits encore fermés en 2021 malgré la crise sanitaire et les promesses du Ségur. Biologistes en grève. Et 90 % des soignants en arrêt maladie aux urgences de Pontoise lundi matin. Aux grands maux, le grand remède : fin de la tarification à l’acte qui met en concurrence les établissements de santé publics et privés. Ils seront financés à partir d’objectifs de santé publique. C’est peut-être dans ce détail que se cache le diable. La Rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp) s’applique depuis plusieurs années aux généralistes. Une sorte de prime à la performance. Mais certains indicateurs pris en compte sont purement économiques. La réduction des arrêts de travail et des bons de transport. La prescription de génériques ou d’antibiotiques de moindre coût. Le volume des dépenses en actes infirmiers... La compétence du praticien est évaluée sur des livres de compte. Si l’efficacité en termes de santé publique est contestée, l’intérêt pour le médecin est négligeable. La caisse d’assurance maladie contrôle. Elle peut soumettre les prescriptions à entente préalable ou prononcer des sanctions financières si les indicateurs sont dépassés. Certains « Rospologues » sélectionnent leurs patients en fonction de leurs pathologies. Pour rester dans la moyenne régionale qui sert de comparateur. À défaut de garantir l’accès aux soins pour tous, la Rosp symbolise la gestion purement comptable d’un système où la santé est marchandisée. Un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) accablant pour le gouvernement vient d’être rendu public. Il révèle les manquements dans la gestion de la crise sanitaire. Qui à l’avenir décidera des objectifs de santé publique ? Et sur quels critères ? Parce que quand le chef de l’État dit que « comme la santé n’a plus de prix, elle n’a plus de valeur » on peut se demander combien elle vaut, elle qui n’a pas de prix.