L’urgence alimentaire

par ERIC BOCQUET
Publié le 4 novembre 2022 à 12:21 Mise à jour le 2 novembre 2022

Chaque année, je suis chargé, avec mon collègue Arnaud Bazin (sénateur LR du Val-d’Oise), d’établir un rapport de présentation de la mission budgétaire qui s’intitule « Solidarité, insertion, égalité des chances ». C’est un budget de 30 milliards d’euros, qui couvre les dépenses liées à la prime d’activité, l’allocation adulte handicapé, l’inclusion sociale et l’égalité entre les femmes et les hommes. Cette année, nous avons choisi de nous intéresser plus fortement aux crédits consacrés à l’aide alimentaire. Ce n’est certainement pas un sujet marginal car il concerne 11 % de la population française, soit 7 à 8 millions de personnes. Nous avons auditionné tous les réseaux habilités à répartir ces aides auprès des plus précaires. La Fédération française des Banques Alimentaires a recensé une augmentation de 6 % des demandes en 2020, de 4 % en 2021, et de 9 % sur un an au deuxième trimestre 2022 (soit une augmentation de 200 000 personnes, presque la population d’une ville comme Lille !)

Il s’agit notamment de familles ou de femmes seules avec des enfants en bas âge, y compris des personnes qui travaillent, mais ne parviennent pas à «  boucler les fins de mois  ». La présence d’étudiants dans les files, qui est notamment apparue massivement durant la crise sanitaire, s’est installée. L’ensemble des associations que nous avons auditionnées sont aussi, dans cette période de forte inflation, confrontées à une sorte d’effet ciseaux ; d’un côté, les personnes accueillies, dont les revenus ont été fragilisés par les crises qui se sont succédé, font face à une hausse des prix alimentaires. De l’autre, les associations doivent, à moyens constants, faire face à un afflux sans précédent de demandes, tout en étant fortement affectées par la hausse des prix de l’énergie. Toutes craignent en outre la saturation de leurs capacités d’accueil. Les petits chèques de l’État ou de l’Europe, au coup par coup, ne sont pas la réponse, mais un emploi, un salaire solide et une belle répartition des richesses. M. Macron, entendez-vous ?