La Rist : une rustine ?

par Lydie LYMER
Publié le 24 février 2023 à 16:20

Le grade d’infirmier de pratique avancée (IPA) a été autorisé par la loi Touraine en 2016. On dénombrait 1 700 professionnels à l’été 2022. Ils dépistent, surveillent, évaluent des pathologies ciblées. Ils ont également des missions d’éducation thérapeutique et réalisent des actes techniques. Ils interviennent en établissement de santé ou au sein d’équipes de soins primaires coordonnées par le médecin. La loi Rist adoptée en première lecture au Sénat le 14 février élargit les compétences des IPA qui pourront désormais prescrire des produits ou prestations soumis à ordonnance. Le texte doit être discuté en commission paritaire. Le statut d’IPA offre de nouvelles perspectives de carrière, avec une meilleure reconnaissance et une revalorisation financière. Les médecins refusent que leurs « concitoyens n’aient pas accès à un diagnostic médical et à une stratégie thérapeutique qui relèvent de la compétence des médecins ». Ils dénoncent le risque d’une médecine à deux vitesses. Au cas où ce ne serait pas déjà le cas. Pourtant, tous s’accordent à dire qu’ils manquent cruellement de temps médical. Six millions de Français n’ont pas de médecin traitant. Parmi eux, 600 000 présentent une maladie chronique. Les politiques successives visant aux économies de santé ont conduit à réduire le numerus clausus afin de limiter les dépenses liées aux prescriptions. Les tâches sont déléguées à des assistants ou des auxiliaires médicaux, et à des IPA. Mais côté infirmier, ça bloque aussi dans les écoles. 35 000 infirmiers manquent actuellement pour faire face aux besoins, alors que 25 000 seulement sont en formation. Dans le public, un infirmier s’occupe en moyenne de douze malades. Le double de la moyenne européenne. Les conditions de travail dégradées épuisent, et vident de leur substance le rôle de soignants qui ont choisi leur métier par vocation et qui préfèrent démissionner plutôt que d’être maltraitants. Dans les hôpitaux d’Île-de-France, 15 % des lits sont fermés faute de personnel. Mais s’il y a des IPA pour pallier le manque de médecins et qu’il n’y a pas plus d’infirmiers… Qui, à l’avenir, s’occupera des personnes âgées dans les Ehpad et des malades dans les hôpitaux ou au domicile ?