Padhue

Les gynécologues ne dérogent pas aux règles

par Lydie LYMER
Publié le 16 septembre 2022 à 14:19

Alain est bénévole au Secours Populaire Français. L’association accueille de façon inconditionnelle toutes les nationalités. Natalia est géorgienne. Elle a eu recours au Secours à son arrivée en France. Elle est douée pour les langues, et s’est proposée comme interprète pour informer d’autres personnes en situation précaire sur leurs droits. Au fil des discussions, Alain découvre avec stupéfaction que Natalia est médecin. Elle est titulaire d’un diplôme géorgien de médecine générale, et d’une spécialisation russe en gynécologie-obstétrique. En France, on dénombre 5636 gynécologues obstétriciens en activité en 2022. Soit trois gynécologues en moyenne pour 100 000 femmes en âge de procréer et de consulter. Mais Natalia est diplômée hors Union Européenne. Elle pourrait exercer à l’hôpital sous la tutelle d’un médecin français, en tant que Faisant Fonction d’Interne, et percevoir une rémunération annuelle brute de 16 895 €. Ce statut lui permettrait de préparer les épreuves de vérification de ses connaissances. Mais avant toute chose, elle doit avoir un titre de séjour. C’est là où ça se complique. Le conseil de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA) considère que la Géorgie est un pays « d’origine sûre ». C’est-à-dire un État de droit qui garantit les libertés. Pourtant, le flux migratoire provenant de Géorgie explose. En 2019, les citoyens géorgiens sont passés en tête des demandeurs d’asile en France. « Une anomalie  », selon Christophe Castaner. La plupart des demandes sont donc refusées. L’administration est désolée, surtout qu’on manque de médecins, en France. « Ce serait plus facile  » si Natalia était ukrainienne. Auquel cas, elle obtiendrait de fait le statut de réfugiée. C’est pas de bol. Elle a juste fui un pays sûr sans raison. Alors elle a quand même réussi à décrocher un poste d’agent des services hospitaliers en CDD. C’est une gynécologue qui entretient les chambres, pendant que les femmes accouchent à domicile ou sur les routes de campagne. Et pendant qu’une mère expulse son bébé, Natalia espère ne pas être expulsée.

  • PADHUE : Praticien Diplômé Hors Union Européenne